Echec à l’international et tension sociale interne : le navire de Faure Gnassingbé est-il en train de couler ?

Faure Gnassingbé est-il en train de perdre tous ses paris ? La question se pose au vue de l’actualité politique dans le pays et à l’international. Au Bénin, Patrice Talon annonce son départ du pouvoir en 2026. Dans la crise en RDC, Donald Trump annonce la signature d’un accord de paix, et au Togo, les manifestations des 26, 27 et 28 juin sont maintenues.
En avril 2026, le Bénin va poursuivre son cheminement dans l’enracinement de la démocratie. Le pays de Béhanzin va connaître une énième alternance à la tête de l’État avec l’élection d’un nouveau président de la République, autre que Patrice Talon. Ce dernier, dans une interview accordée à Jeune Afrique, a réitéré son intention de quitter le pouvoir dans les prochains mois. A l’issue de son second mandat. Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2016, l’actuel locataire du Palais de la Marina a clamé son intention de ne pas briguer plus de mandats que ne le permet la Constitution du Bénin. A plusieurs occasions, il l’a martelé.
Au même moment, c’est un autre son de cloche au Togo. Arrivé à la tête du pays en 2005, à l’issue d’une élection sanglante (500 morts selon les Nations Unies), Faure Gnassingbé ne compte pas lâcher le pouvoir. Alors qu’il a déjà effectué quatre mandats, l’homme s’y accroche toujours, quitte à procéder à des gymnastiques constitutionnelles pour conserver le pouvoir. Fatigué de devoir toujours demander l’accord des populations, il a procédé au changement de la Constitution de 1992, créant une 5ème république où il devient président du Conseil des ministres. Avec des pouvoirs plus que renforcés.
Sa longévité au pouvoir, qui lui vaut le sobriquet de « jeune doyen » ou « empereur » tranche avec le bref passage de Patrice Talon au Bénin. Mais il n’y a pas que ce sujet qui avilit l’image du fils du Général Eyadéma.
Depuis quelques années, vomi par ses concitoyens, Faure Gnassingbé s’est trouvé une alternative : rayonner à l’international. Dans cette optique, le Togo a signé des accords avec alliés et ennemis, au point de rendre illisible la diplomatie togolaise.
Pour s’afficher davantage à l’extérieur, le successeur de Gnassingbé Eyadéma s’érige en médiateur des crises sur le continent. Son dernier rôle, il l’a arraché, au forceps dit-on, dans le film apocalyptique qui se joue dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) où s’affrontent armée régulière et rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. En avril dernier, l’Union africaine lui a officiellement attribué le titre de médiateur, en remplacement du président angolais, Joao Lourenço.
Malgré l’échec prévisible de cette médiation, Faure Gnassingbé se met dans la peau d’un médiateur. Son pays géographiquement éloigné du théâtre de guerre, et ne disposant d’aucun moyen de pression sur les belligérants n’avait aucune chance de réussir cette mission.
Pour faire croire qu’il s’attelait à réaliser cette mission impossible, le Togolais a multiplié les voyages, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. Pendant ce temps, il s’affiche aux côtés de dirigeants et diplomates qui, clame-t-on dans son entourage, le soutiennent en tant que médiateur. Pourtant, les belligérants ne se sont jamais retrouvés au Togo pour discuter d’une issue diplomatique de cette guerre qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
L’incapacité de Faure Gnassingbé à résoudre cette crise a été confirmée par le président américain. Dans un post sur son réseau social, Donald Trump annonce la signature d’un accord sous l’égide des Etats-Unis, le 27 juin prochain. Le document a été déjà paraphé par les négociateurs des deux pays en conflit. « Les équipes techniques de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda ont paraphé le texte de l’accord de paix, en présence de la sous-secrétaire américaine aux Affaires politiques, Allison Hooker », indique le communiqué publié par les partis.
Les commentaires des « gongonneurs » du président du Conseil des ministres sont très attendus. Peut-être qu’ils diront des choses ahurissantes, pour camoufler le fait que la case du « Champion » d’UNIR est en proie aux flammes.
En effet, si les échecs se poursuivent sur le plan extérieur, à l’intérieur le doyen des chefs d’Etats de la CEDEAO est dans de beaux draps. La tension sociale née de l’arrestation du rappeur engagé Amron ne descend pas. Malgré la libération de la majorité des personnes arrêtées le 06 juin 2025, les populations se disent déterminées à faire tomber le régime de Faure Gnassingbé. Des manifestations annoncées pour les 26, 27 et 28 juin sont maintenues, malgré la libération de l’artiste le 21 juin 2025. Dans une interview, Me Célestin Agbogan, dénonce les maltraitances dont a été victime son client. « Au SCRIC, il a été torturé », a déclaré l’avocat, par ailleurs Président de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH)
Dans l’opinion, la libération d’Aamron, et le récit des actes de torture subi par ce dernier et les personnes arrêtées le 06 juin, amplifient la mobilisation et la détermination des populations à manifester les 26, 27 et 28 juin, à l’appel de Togolais de la diaspora.
Aussi bien en interne qu’à l’extérieur du pays, Faure Gnassingbé semble perdre tous ses paris.
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