Poursuivi pour « viol et menace de mort avec arme », l’opposant Ousmane Sonko a été plutôt condamné pour «prostitution de la jeunesse» par la Chambre criminelle de Dakar, à deux de prison ferme. Un verdict aux conséquences encore inestimables sur la politique sénégalaise et le déroulement de la présidentielle 2024.
Un verdict inattendu. L’opposant sénégalais a été accusé de viol à répétition sur Adji Sarr, une employée d’un salon de massage de Dakar. Le 24 mai dernier, le procureur avait requis une peine de prison de dix ans ferme pour viol et cinq ans de prison ferme pour corruption de jeunesse contre Ousmane Sonko.
Contre toute attente, le verdict rendu vers la fin de la demi-journée abandonne le viol et condamne l’opposant principal au président Macky Sall à 2 ans de prison ferme, suscitant ainsi de forts soupçons quant aux tenants et aboutissants de ce procès.
A un an de la présidentielle 2024, le président Macky Sall est accusé d’avoir instrumentalisé la justice pour écarter le populaire leader du Pastef, qui a toutes les chances de devenir le prochain président du Sénégal.
Un flou quant à l’avenir d’Ousmane Sonko
Cette condamnation suscite des craintes de manifestations violentes de la part des militants et sympathisants du Pastef, alors que l’éventualité d’une candidature Macky Sall pour un troisième mandat divise la classe politique sénégalaise.
Les tensions pourraient s’exacerbaient quant aux conséquences juridiques et politiques de cette condamnation sur la carrière d’Ousmane Sonko d’ici 2024.
On est pour l’instant dans un flou juridique. La « corruption de la jeunesse », consistant à débaucher ou à favoriser la débauche d’un jeune de moins de 21 ans, est un délit selon la loi sénégalaise, et non pas un crime comme le viol, selon un avocat sénégalais cité par l’AFP. M. Sonko aurait été automatiquement déchu de ses droits électoraux s’il avait été condamné par contumace pour un crime comme le viol. La requalification des faits en délit semble, au vu du code électoral, maintenir la menace de l’inéligibilité sur M. Sonko.