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SIDA : la stigmatisation, ça ronge toujours !

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Selon les données du rapport annuel 2020 des activités du Programme national de lutte contre le Sida, les Hépatites virales et des Infections sexuellement transmissibles (PNLS-HV-IST), le Togo affiche une légère baisse de contamination. Cependant, ce taux, 2,0% est l’arbre qui cache une forêt. Celle de la stigmatisation à l’encontre des personnes vivant avec la pandémie. Plus de mille cas sont relevés.

« L’analyse de la situation épidémiologique du VIH/sida au Togo a montré le caractère généralisé de l’épidémie avec une prévalence moyenne de 2,5% dans la population générale âgée de 15 – 49 ans en 2014 (Enquête démographique et de Santé, Ndrl, EDST III 2013-2014), mais estimée à 2,0% en 2020. (Spectrum, 2020) », lit-on dans le document. Spécifiquement, il donne un aperçu sur les disparités selon les variables genres, âge, catégories sociales, régions, entre autres.

Ainsi, on note « une prédominance féminine avec respectivement des prévalences de 2,71% chez les femmes et 1,49% chez les hommes ». Les estimations de Spectrum 2019, révèlent que « la prévalence chez les jeunes âgés de 15 –24 ans est de 0,75% » alors que d’après EDST III 2013-2014), «le profil épidémiologique spatial du VIH au Togo est marqué par des disparités au niveau des régions».

« En effet, la prévalence du VIH décroit du Sud vers le Nord (Lomé commune : 3,4%, Maritime : 3%, Plateaux : 2,3%, Centrale : 2,2%, Kara : 1,8%, Savanes : 0,3%). Sur le plan national, la prévalence est deux fois plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural », fait observer l’étude. Elle indique que les groupes à haut risques à savoir les hommes ayant les rapports sexuels avec d’autres hommes, les professionnels de sexe, les usagers de drogues et les détenus, sont les plus touchés.

Cependant, il existe un rongeur pernicieux qui continue de décimer à petit feu, la stigmatisation.

Stigmatisation, arsenal juridique…

« La stigmatisation augmente. Plus de 1300 cas de stigmatisation VIH et associés sur l’ensemble du territoire au niveau des personnes vivant avec le VIH (PVVIH, Ndrl) », affirme Augustin Dokla, président du Réseau des associations des personnes vivant avec le VIH (RAS-Togo), joint par téléphone.

Toutefois, il note une progression dans les dénonciations. Ces cas sont relevés au niveau des structures associatives, des forces de l’ordre.

Selon lui, ce travail est à mettre à l’actif de l’Observatoire VIH-Droits Humains qu’il dirige également. «Depuis 9 ans, l’observatoire a permis de documenter les cas de stigmatisation et de suivre les victimes », indique Augustin Dokla.

Outre cela, le premier responsable de RAS Togo relève les dispositions pénales qu’encourent les auteurs des actes stigmatisants. En effet, il s’agit de l’article 64 relatif à la protection des personnes vivant avec VIH-SIDA. La loi stipule que « Toute personne qui omet ou refuse d’honorer l’obligation de soins à laquelle elle est tenue vis-à-vis d’une personne infectée, est passible des peines prévues pour l’omission de porter secours ».

« Les peines vont de trois (03) mois à un (01) an d’emprisonnement. Si la stigmatisation est commise par les médias ou les médecins ou le personnel de santé, l’amende peut aller jusqu’à 10.000.000 FCFA », ajoute le premier responsable de l’Observatoire VIH-Droits Humains. On voit très clair qu’il y a un arsenal juridique. La stigmatisation, tient-il à souligner, « se passe dans tous les segments de la société », à savoir, la famille, les communautés, milieux de travail, milieux de soins, entre autres.

Fléchissement

« Les inégalités qui perpétuent la pandémie de sida ne sont pas une fatalité, indique ONUSIDA. Nous pouvons y remédier. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, l’ONUSIDA invite chacune et chacun d’entre nous à lutter contre les inégalités qui freinent les progrès pour mettre fin au Sida », peut-on lire sur le site de l’ONUSIDA hier 1er décembre 2022, journée mondiale dédiée à la lutte contre la pandémie.

L’organisation onusienne souligne que « les données de l’ONUSIDA sur la riposte mondiale au VIH révèlent un ralentissement des progrès de la lutte contre la pandémie de VIH et une réduction des ressources disponibles au cours des deux dernières années marquées par la COVID-19 et d’autres crises mondiales. Ce recul met des millions de vies danger ».

En effet, la Covid-19 a contribué à éclipser le SIDA. Depuis 2020, le monde a accentué ses efforts sur la nouvelle épidémie partie de la Chine et faisant des milliers de victimes à travers les continents. Si l’Afrique a été relativement épargné par la Covid-19, le VIH-SIDA a fait des ravages sur le continent. Beaucoup de pesanteurs socio-culturelles ont fait le lit de la progression de la pandémie dont les causes principales sont les rapports sexuels non protégés.

Dans un premier, les initiatives pour freiner la maladie étaient pour la plupart orientées vers la prévention. Le port des préservations et l’abstinence sexuelle étaient les maîtres-mots. Progressivement, la prévention va laisser place à la prise en charge des personnes vivant avec  la maladie. Il y a eu un fléchissement au niveau des mesures de protection. Ce qui a lentement conduit à la banalisation de la pandémie avec l’apparition à moindre frais des anti-rétroviraux.

Des médicaments génériques qui vont fortement contribuer à ralentir la maladie et rallonger par ricochet la durée de vie des personnes infectées. Or, parallèlement, le regard envers les malades du SIDA n’a pas suivi. Autrement, les préjugés à leur égard se sont renforcés faisant plus de victimes que le virus.

Benoît EKLOU

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