La courtoisie au volant, souvent perçue comme un détail, joue un rôle déterminant dans la fluidité de la circulation et la réduction des tensions et des accidents de la route. Au Togo, comme dans beaucoup de pays à travers le monde, la conduite reste marquée par des comportements parfois agressifs, des conflits verbaux, voire physiques, entre conducteurs. Pourtant, de simples actions de courtoisie peuvent faire une grande différence.
Des gestes aussi simples que laisser passer un piéton, céder le passage à un conducteur pressé ou encore utiliser ses clignotants sont des actions quotidiennes qui facilitent la circulation et renforcent les relations entre usagers de la route.
A Lomé, des initiatives locales comme des campagnes de sensibilisation sur la courtoisie au volant sont régulièrement organisées, et ont montré qu’une conduite plus respectueuse permet de réduire les conflits et d’améliorer l’expérience de conduite pour tous.
Le manque de courtoisie engendre souvent des conflits qui peuvent dégénérer, mettant en péril la sécurité des conducteurs, des passagers et des piétons. Les altercations verbales et physiques ne sont pas rares, surtout dans les zones urbaines où la circulation est dense. « Quand j’ai eu mon permis, j’ai eu du mal à emprunter certaines voies de la capitale, surtout aux heures de pointe. Je ne sais plus combien de fois d’autres usagers ont insulté ma mère parce que je ne roulais pas assez vite, ou que mon véhicule calait en pleine circulation », raconte Alexandre.
« Aujourd’hui, je maîtrise bien la conduite et je ne me fais plus crier dessus tel un enfant par les autres usagers », fait-t-il remarquer, souriant, en se remémorant toutes les insultes qu’il a essuyées.
De plus, une conduite agressive contribue à des comportements dangereux comme les dépassements imprudents, l’ignorance des règles de priorité et les excès de vitesse. Le résultat est une augmentation des accidents de la route, avec des conséquences dramatiques.
« Souvent, les gens ne savent pas qu’il vaut mieux respecter le code de la route, faire preuve de courtoisie et rentrer sain et sauf à la maison, que de perdre son temps en cas d’accident », explique Yao.
Pour lui, la courtoisie sur la route, c’est simplement d’ignorer les écarts de comportements ou les défauts des autres. « J’avais un oncle qui me disait toujours qu’il faut se comporter sur la route comme une personne respectueuse. Qu’il ne sert à rien de se montrer méchant envers ceux qui conduisent mal ou ne respectent pas le code. Il disait souvent qu’il préfère me dire bon arrivée que de venir m’assister à l’hôpital. Cela me faisait beaucoup rire, mais je trouve aujourd’hui qu’il avait raison », raconte-t-il.
La courtoisie au volant est aussi influencée par des normes culturelles locales. Au Togo, le respect de l’autorité et des hiérarchies sociales peut parfois conduire à des comportements autoritaires sur la route, mais aussi à des attentes élevées en matière de respect mutuel.
« Je pense qu’on oublie souvent qu’être courtois, ce n’est pas juste une question de politesse, c’est une question de sécurité. Quand je conduis, j’essaie toujours de laisser passer les piétons, même si j’ai le feu vert. Un geste aussi simple peut éviter un accident. Et c’est fou de voir comme les autres conducteurs réagissent positivement. Cela dédramatise souvent les situations stressantes », a confié Sylvie.
Et à Marius d’ajouter : « Au début, j’avais du mal à faire preuve de patience. Les embouteillages me rendaient fou, et j’avais tendance à gronder ou à klaxonner contre ceux qui n’étaient pas assez rapides. Mais après un accident où j’ai vu des gens se battre pour une place de parking, j’ai compris que ça ne mène à rien. Depuis, j’essaie de rester calme, de sourire et de faire des gestes simples comme laisser passer quelqu’un qui a l’air pressé. On ne sait jamais qui peut être derrière, et parfois un petit geste peut vraiment tout changer ».
Encourager les jeunes conducteurs à adopter des comportements courtois est important. Les écoles de conduite et les formations à la sécurité routière doivent mettre l’accent sur l’importance de la courtoisie au volant. Ce n’est qu’en créant une culture de respect et de civisme que l’on pourra espérer une réduction significative des accidents de la route et des comportements agressifs.
Les difficultés du quotidien, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques, ne devraient pas se refléter sur la route. Trop souvent, certains conducteurs justifient leur agressivité ou leur impatience par les frustrations qu’ils accumulent ailleurs. Pourtant, la circulation n’est ni un exutoire ni un champ de bataille. Que le pays traverse des moments difficiles, que les décisions des gouvernants ou le comportement des autres posent problème, rien ne justifie de rendre la conduite plus stressante pour tout le monde. La route appartient à tous, et chacun a le devoir d’y faire preuve de respect et de maîtrise de soi.
