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L’armée sénégalaise dans les rues, lourd bilan des manifestations en cours

La répression des manifestations suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme, pour «corruption de la jeunesse», a fait au moins 9 morts d’après des sources indépendantes.

Les villes de Dakar et Zinguichor ont brûlé dans la journée de lundi après l’annonce de la condamnation du leader du Pastef, Ousmane Sonko poursuivi pourtant pour «viol et menace de mort» sur Adji Sarr, une jeune femme d’un salon de coiffure.

Les quartiers populaires de ces deux villes ainsi que les universités se sont embrasées.  Les commerces sont fermés, et la ville de Dakar, d’ordinaire grouillante, ne ressemble plus désormais qu’à un cimetière. On dénombre des centaines de  blessés et près d’une dizaine de morts dont certains par balles.

Le gouvernement a déployé des éléments des forces armées dans les villes. Des hommes portant treillis et fusil de guerre ont été positionnés en différents points de Dakar, capitale habituellement grouillante aux rues à présent désertées et à l’activité quasiment paralysée, ont constaté, selon l’Agence France-Presse.

Limités d’accès hier, les réseaux sociaux montrent les rues de Dakar ravagées par les manifestations, des photographies atroces provenant des hôpitaux,  de mains et pieds mutilées.

Les forces de sécurité mêlent différents types de grenades lacrymogènes, dont certaines avec suffisamment de TNT pour arracher une main ou un pied. Certains internautes indique les forces de sécurité mêlent différents types de grenades lacrymogènes, dont certaines avec suffisamment de TNT pour arracher une main ou un pied.

Des appels au calme

Sur les réseaux sociaux, on évoque aussi quelques contre-manifestants voire des nervis du pouvoir qui organiseraient également la répression aux côtés des forces de l’ordre.

Du pays et de l’étranger, des organisations et des personnalités lancent des appels au calme. Critiquée pour son mutisme  face à la détérioration de la situation politique au Sénégal depuis plusieurs mois, la CEDEAO «condamne fermement les violences qui ont visé les forces de sécurité, les biens publics, les propriétés privées et troublé l’ordre public ». Une sortie qui pourrait être lue comme un soutien tacite au président Macky Sall, de la part d’une organisation qui a rarement désavoué un dirigeant en exercice.

L’organisation sous-régionale  appelle néanmoins les parties à défendre « la réputation louable du pays en tant que bastion de la Paix (sic) et de la stabilité ».

Même son de cloche de la part du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres , qui “exhorte tous les acteurs à (…) la retenue”.

Alliée du Sénégal, l’ancienne puissance colonisatrice se dit “extrêmement préoccupée” et appelle “à cesser les violences et à résoudre cette crise, dans le respect de la longue tradition démocratique” dont jouit le pays de L.S Senghor.

Coupure de la connexion Internet

Après avoir restreint drastiquement l’accès aux réseaux sociaux, les autorités sénégalaises ordonnent aujourd’hui la coupure intégrale des communications électroniques dans l’ensemble du pays. Une décision que l’ARTP vient de la mettre en œuvre.

Le 1er juin, le ministre de l’intérieur avait justifié la coupure d’Internet par  le lancement des appels à la haine et à la violence sur les réseaux sociaux.

Les manifestations interviennent dans une atmosphère de suspicion généralisée alors que le Sénégal récoltera l’année prochaine les premières rentes pétrolières. C’est dans cette atmosphère que le président Macky Sall nourrirait secrètement l’ambition de rempiler pour un 3ème mandat à la présidentielle 2024, contrairement à la constitution selon ses détracteurs.

D’où les disputes du théâtre politique autour des poursuites judiciaires contre l’opposant Ousmane Sonko; lesquelles poursuites sont perçues comme une volonté d’écarter un rival sérieux de la compétition électorale. Macky Sall se mettrait dans le rôle de juge et partie d’autant plus que l’administration et la justice paraissent instrumentalisée par le pouvoir.

Parmi tous les pays d’Afrique francophone, le Sénégal est le seul à connaître une stabilité politique- pas de coups d’Etat, une brève période de parti unique, et une alternance régulière au pouvoir depuis 1983. En dépit de quelques remous et des violences circonscrites, le pays peut se targuer de sa stabilité.

Néanmoins, depuis Abdoulaye Wade, prédécesseur de Macky Sall, les présidents sortants ont la fâcheuse manie de faire un troisième mandat inconstitutionnel. Une volonté qui se décline en déchaînement de violences dans la rue.

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