Quelques heures après le verdict condamnant Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme, la situation reste très tendue à Dakar : accès interdit aux réseaux sociaux, puis coupure d’Internet ; des milliers des forces de l’ordre déployés dans la ville.
Selon un journaliste joint au téléphone par notre rédaction, le pouvoir de Macky Sall planifierait l’arrestation et le dépôt d’Ousmane Sonko.
«C’est très tendu ici, nous risquons de balancer dans l’horreur », dit un correspondant d’un journal international accrédité à Dakar. «L’accès aux réseaux sociaux nous est interdit; je vous ai fait un enregistrement qui ne passe », souligne-t-il. «Il me semble que le pouvoir veut arrêter Ousmane Sonko », a-t-il conclu.
Le président sénégalais Macky Sall a promis mercredi la fermeté de l’Etat face aux violences qui s’intensifient à l’approche du verdict contre l’opposant politique Ousmane Sonko.
Consternation dans tout le pays
Tout le pays semble consterné par la situation. Sur le réseau social Instagram, l’international sénégalais Krepin Diatta décline son indignation.
«Deux ans qu’un cas de viol sème la terreur et le chaos, des pertes humaines pour finalement sortir un verdict et une condamnation d’un citoyen sur des faits autres que ce dont il est accusé. Depuis deux années où est la justice dans tout ça ? Au final le plus grand des juges nous jugera tous. Tout ça pour ça ! », a-t-il écrit.
Pour Mme Aminata Touré, ex-Première ministre de Macky Sall passée à l’opposition, «cette condamnation à deux ans ferme est des plus injustes ». Elle apporte son soutien à Ousmane Sonko.
«Ensemble au sein du F24 et avec tous les démocrates, la lutte continue contre le 3ème mandat du Président Macky Sall, contre l’élimination des candidats à l’élection présidentielle de 2024, contre le musellement des démocrates et pour des élections libres et transparentes », ajoute-t-elle dans un autre tweet.
Président du Pastef et maire de Zinguichor, la plus grande ville du Sud, Ousmane Sonko est le favori théorique de la présidentielle 2024. Les tensions entre lui et le président Macky Sall avivent depuis que ce dernier, arrivé au pouvoir en 2012 et deux mandat à son actif, ne fait plus mystère de sa volonté de postuler pour un troisième mandat. Contrairement à la constitution selon la majorité de l’élite politique intellectuelle du pays. D’où une ébullition du théâtre politique depuis deux ans, exacerbée par des persécutions judiciaires contre Ousmane Sonko.
Le leader du Pastef est déjà condamné dans une affaire de diffamation et d’atteinte à l’honneur d’un ministre de Macky Sall et risque l’inéligibilité. La peine de prison pour délit de « corruption de la jeunesse » pour laquelle il vient d’être condamné ce 1er juin peut potentiellement aussi le rendre inéligible.
Ironie de l’histoire, considéré comme la vitrine démocratique de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal risque l’implosion pour déficit de démocratie.
