Cinquième république : silence diplomatique autour de l’investiture de Faure Gnassingbé

03 mai dernier, le Togo est officiellement entré dans la cinquième république avec la prestation de serment du président du conseil. Ce dernier n’est autre que Faure Gnassingbé. La prestation est marquée par l’absence des chefs d’Etat.
03 mai 2025. Deux évènements ont cristallisé les attentions en Afrique. Au Gabon, le général-putschiste Brice Clotaire Oligui N’guema, prêtait serment après avoir troqué son treillis contre le costume de président. C’était à l’issue d’une élection présidentielle au cours de laquelle, il était donné favori. Pendant ce temps, au Togo, la Cour Constitutionnelle investissait Faure Gnassingbé. Il devenait ainsi le premier président du Conseil des ministres sous la cinquième république adoptée en catimini par les députés. Deux manifestations majeures qui se sont déroulées sur le continent. Avec leur lot d’invités.
A Libreville, le monde diplomatique était représenté. Seize chefs d’Etat y avaient répondu présents. Parmi eux, Mamadi Doumbouya, Bassirou Diomaye Faye, Evariste N’daishimiye, Idriss mahamat Deby, Paul Kagame, Sassou N’guesso, Teodoro Obiang N’Guema Mbasogo, Adama Barrow, entre autres. Dans la capitale togolaise où la population est restée indifférente à l’investiture de Faure Gnassingbé, les présidents africains ont brillé par leur absence. Aucun chef d’Etat en exercice n’a fait le voyage de Lomé. Sauf, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, devenu une épave politique dans son pays.
Un désaveu pour Faure Gnassingbé. Il peine à convaincre avec sa trouvaille de régime parlementaire. Une fallacieuse 5ème république dans laquelle, le président du conseil qu’il est devenu, n’est plus soumis au vote populaire. Un recul démocratique. Car c’est un coup d’Etat constitutionnel qui a abouti à ce simulacre d’investiture. Le changement de la Constitution n’a pas été l’objet d’un référendum. Alors que les principes du droit constitutionnel le prescrivent.
Outre l’absence des chefs d’Etat africains, un fait semble échapper. Les messages de félicitations. Le régime de Lomé en est friand. A chaque élection de Faure Gnassingbé depuis le sanglant 05 février 2005, les journaux officiels et des médias privés relaient les messages de soutien. Mais depuis le 03 mai dernier, silence radio. Ces journaux essaient plutôt, mais vainement, de convaincre sur la portée du président du conseil.
L’absence des chefs d’Etat africains est un indicateur non négligeable. Même s’ils ont envoyé leurs représentants, cela ne rehausserait pas l’éclat de l’investiture de Faure Gnassingbé. A Libreville, l’affluence des présidents témoignent d’une préférence gabonaise plutôt que togolaise.
Est-ce le signe précurseur d’un désintérêt de la diplomatique togolaise ? Essayer de répondre à cette question serait de tenter de trouver le sexe des anges. Car le monde des chancelleries est un sable mouvant au gré des intérêts. Mais, à force de jouer le médiateur en faisant croire au monde entier qu’il n’y a pas de problème au Togo, Faure Gnassingbé oublie peut-être qu’en un seul clic tout se sait. Les réseaux sociaux contournent les restrictions de liberté. L’affaire du riz avarié Togo / Inquiétude des consommateurs après la ruée sur le riz impropre déversé sur un dépotoir à Agoè devrait lui rappeler que ce n’est pas seulement la case de son prochain qui brûle. Le sien brûle aussi sous une forme apparente. Il y a une braise incandescente qui couve sous la cendre.
Sur un autre plan, peut-être que certains de ses homologues africains prennent distance de lui pour sa connivence avec les Etats de l’AES qui campent sur leur position. Celle de ne plus revenir à la CEDEAO, fragilisant ainsi cette organisation qui fête ses 50 ans d’existence cette année.
Benoît G.