Togo/ L’opposition lance un “mouvement d’ampleur” contre la Constitution de la 5è République

Comme réitéré lors de la conférence de presse de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) le 19 mars dernier, le meeting d’information et de sensibilisation organisé avec d’autres acteurs politiques et de la société civile s’est tenu dimanche à Lomé. Sensibilisation, remobilisation étaient à l’ordre du jour de cette manifestation qui lance, selon les organisateurs un mouvement d’ampleur contre la nouvelle constitution et la 5è République.
Sur le terrain d’Akassimé, lieu de la rencontre, les militants, sympathisants et autres patriotes ont fait massivement le déplacement. « Malgré le découragement apparent des populations, on sent encore de l’engouement pour les questions politiques. Surtout avec cette affaire de Constitution et de 5ème République, j’ai l’impression que les gens se réveillent de plus en plus », confie Edouard, militant d’un des partis politiques à l’origine de la manifestation.
Tour à tour, leaders politiques et acteurs de la société civile se succèdent devant la foule, chacun avec son message à l’endroit de la population.
Me Dodji Apevon, président des Forces Démocratiques pour la République (FDR), a insisté sur la nécessité d’une forte mobilisation des Togolaises et des Togolais pour faire face à ce qui est perçu au sein de la société togolaise comme une manœuvre visant à soustraire Faure Gnassingbé de l’obligation de se présenter à une quelconque élection. « Ce meeting n’est qu’un début », assure l’avocat. Pour lui, le meeting du 23 mars 2025 constitue « le lancement d’un mouvement d’ampleur pour stopper cette 5ᵉ République ».
Pour Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, également présent au meeting, la nouvelle constitution de la 5è République votée nuitamment par les députés regorge d’innombrables incohérences et anomalies. Concentration excessive du pouvoir exécutif, effacement du rôle du Président de la République, militarisation du pouvoir exécutif, absence de contre-pouvoirs clairs, pouvoir réglementaire et législatif étendu, ambiguïtés sur le régime parlementaire, pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale : une arme de dissuasion, affaiblissement du contrôle parlementaire, etc.
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« Je vous prie, chers concitoyens, de lire cette fameuse constitution et la comparer à l’ancienne. Elle contient beaucoup d’anomalies. Elle a été établie uniquement pour une personne alors que le Togo est un Etat de droit », rappelle le leader de l’ANC, appelant les populations à se mobiliser comme par le passé pour « faire blocage » à l’agenda du régime en place.
Dans son intervention, Prof David Dosseh du Front citoyen Togo-Debout, souligne que « cette constitution est une manœuvre pour ouvrir un boulevard à la présidence à vie, à la monarchisation du Togo ». Il décrit les manœuvres du pouvoir comme « une forfaiture construite sur des contre-valeurs ». Sans oublier de pointer du doigt la mauvaise gouvernance et la corruption endémique dans le pays.
Cette manifestation semble véritablement lancer un nouvel élan pour l’opposition en vue de la remobilisation pour la lutte pour l’alternance au sommet de l’État. Les acteurs se disent déterminés à intensifier les actions de terrain, y compris des manifestations dans plusieurs villes du pays, pour exprimer leur opposition à la nouvelle Constitution et revendiquer le retour à celle de 1992.