Politique

“Watsilisation”, un candidat dénonce le tribalisme au sein du CAR

Togbui Dagban Ayivon IV, chef traditionnel de Bè et candidat à la présidence du CAR lors du 5ème congrès statutaire chaotique des 29 et 30 avril, se retire de la course et dénonce une emprise tribaliste des Watsi sur le parti.

Excédé par les problèmes de succession qui minent le CAR (Comité d’action pour le renouveau), Togbui Dagban Ayivon IV, jette l’éponge annonce-t-il au cours d’une émission sur radio Zéphyr FM. Il désapprouve la proposition d’un bureau transitoire de deux ans pour conduire le parti. Il soupçonne le bureau transitoire  et la grande famille d’Agboyibo d’œuvrer dans l’ombre pour Jean Kissi, pourtant mis en minorité.

Deux clans se disputent la présidence du CAR : le clan du Vo soutien  de Jean Kissi, ex-député du Vo, aujourd’hui conseiller municipal du Golfe 5 à Lomé, et le clan du Yoto qui appuie Yao Datè.  Togbui Dagab se trouve à l’étroit dans cette confrontation.

Selon Togbui Dagban,  le CAR est un parti national qui «comporte plusieurs ethnies», mais les Watsi sont dominants et se comportent en majoritaires. «… si pendant 30 ans nous remarquons que seuls les Watsi ont gouverné ce parti, cela devient une hégémonie, les Watsi régentent le parti et les preuves sont légion depuis le congrès lorsque les gens se plaisent à dire que les rênes du parti ne peuvent pas quitter Yoto. Et d’aucuns disent que le remplaçant spirituel de Me Agboyibo, c’est Jean Kissi de Vo. On comprend sans ambages que c’est les 2 préfectures, Yoto et Vo, qui font l’opinion et influencent l’orientation du parti. Qui n’est pas de ces contrées, ne peut pas piloter le parti. C’est pour cela que le terme watsilisation se conforte», a déclaré le candidat malheureux.

Les Watsi sont un groupe des Ewés, l’ethnie majoritaire au Togo, 40% de la population. Ils sont à cheval entre le sud-est maritime du Togo et le Bénin. Et au Togo, ils sont majoritaires dans les préfectures du Yoto et de Vo, base électorale du CAR, où le parti a toujours fait son plus gros score ces dernières années.

La forte présence de ressortissants Watsi dans le CAR participe des origines de ce parti, à savoir l’appartenance de son fondateur, Me Yaovi Agboyibo et sa popularité, mythique ou non, basée sur la défense de causes régionales, comme la libéralisation de la fabrication d’une eau-de-vie comme le sodabi, interdite pendant la dictature du général Eyadema pour des raisons prétendument écologiques.

La « watsilisation » est un marronnier voire un leitmotiv du discours de Togbui Dagban, qui voudrait qu’un cadre originaire d’une autre région que le Sud-Est maritime prenne les rênes du parti. Alors que le CAR est en panne sur le plan national depuis les législatives d’octobre 2007, pour Togbui Dagban, extraire la direction du parti du giron ouatchi lui donner un nouveau souffle.

Les militants sont abasourdis par le discours du chef traditionnel de Bè, c’est la première fois qu’un cadre d’un parti politique accuse ouvertement une tendance du parti de tribalisme.

Si les cadres du CAR sont effectivement majoritaires au CAR, cela ne constitue pas en soi un handicap si le parti fonctionne de manière démocratique sans les solidarités ethniques et tribales mécaniques. 

La question s’était déjà posée avec le PNP accusée par un certain Naboudja Boureima d’être un parti de Kotokolis. Accusation à laquelle, rapportait un soutien de Tikpi, le leader du PNP, qui ne se gênait point et ne comptait rien faire contre le phénomène,   qu’il “vaut mieux avoir un tem avec soi que deux non-Tems”

Au vrai, ce qui arrive au CAR est d’abord de la responsabilité de Me Yaovi Agboyibo qui a écarté les cadres importants du parti comme Dodji Apévon,  Aïdam ou Dr AMAGLO Kokou Sénamé, à force de leur barrer la route, émasculant ainsi le parti de successeurs légitimes et d’énergies vitales. A sa fondation au début de l’expérience démocratique, le CAR était l’un des rares partis avec beaucoup de cadres populaires et crédibles,  et une implantation véritablement nationale.

La succession chaotique qui prévaut au CAR n’est pas surprenant. La gestion des partis politiques par leurs leaders est la principale cause. Surpuissant, gérant les partis comme les affaires personnelles, écartant toute concurrence et tout débat démocratique.

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