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Affaire Guy Marius SAGNA : la réaction sans surprise de la CEDEAO

Une vague de condamnation s’observe depuis le 29 septembre 2024. Ce jour-là, alors qu’il prenait part à une rencontre d’échanges au siège de la CDPA à Lomé au Togo, le député Sénégalais Guy Marius SAGNA a essuyé des coups de la part d’individus ayant infiltré l’assistance.
Selon les images fournies par des témoins sur place, il y a eu plusieurs blessés au cours de cette agression dont des responsables politiques, des militants ainsi que des journalistes venus couvrir l’événement.

Outre les blessés, les organisateurs signalent de nombreux dégâts matériels. Pare-brises caillassés, motos endommagées, chaises cassées, etc. Sans oublier le fait que les matériels de travail des journalistes ont été emportés ou jetés dans un puits. Il faut préciser aussi que l’impact politique de l’agression pourrait raviver les tensions au Togo et inciter à une mobilisation accrue des populations pour défendre la liberté d’expression.

Série de condamnations

L’incident du 29 septembre 2024 n’a pas laissé les partis politiques de marbre. La Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) déplore «un déferlement de violence préméditée ». L’alliance nationale pour le changement (ANC) dénonce, lui, une « agression sauvage » et souligne qu’aucune raison ne justifie une telle violence.

Les associations de journalistes engagées dans la défense du droit d’informer, dénoncent à l’unanimité les violences exercées sur les professionnels des médias. C’est le cas de Togo Reporting Post, Ujit, Synjit, PPT, RSF, etc.

Les organisations de défense des droits de l’homme condamnent, elles aussi, les événements du 29 septembre, et appellent à une enquête afin de situer les responsabilités. Le CACIT exprime son indignation et s’interroge sur « l’effectivité du droit à la liberté d’expression et la garantie du respect de l’intégrité physique de la personne humaine au Togo ». Même son de cloche chez la LTDH qui condamne des « actes d’une bestialité inouïe qui relèvent d’une vieille époque ».

Une coalition d’organisations de défense des droits de l’homme exprime sa vive préoccupation et dit déplorer le communiqué de la Police nationale « qui est une insulte de l’intelligence des Togolais ».

Les réactions des citoyens s’articulent autour de plusieurs axes. Beaucoup expriment leur colère face à la brutalité de l’attaque, la qualifiant de « scandaleuse » et de « préméditée ». Pour ces observateurs, l’agression contre SAGNA n’est pas un incident isolé, mais le symptôme d’une tendance inquiétante à la violence politique au Togo. « C’est une attaque contre la démocratie et la liberté d’expression », déclare une militante des droits humains. Cette vision est largement partagée, et plusieurs manifestants ont même appelé à des rassemblements pacifiques pour dénoncer les violences politiques.

La police réagit

Dans un communiqué, la police nationale togolaise affirme avoir été alerté « bien après la survenance des faits », contrairement aux organisateurs qui disent avoir aperçu une patrouille de la police au moment des faits, et que celle-ci s’est refusée d’intervenir.

Mieux, la Police déclare que le député sénégalais « a été dûment informé des risques que comportaient ces activités projetées en marge des travaux du Parlement de la CEDEAO ». En d’autres termes, la Police avait des informations sur l’éventualité d’une telle agression.

La CEDEAO sort enfin du silence

Il a fallu trois jours au parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour se prononcer sur l’agression de son membre à Lomé. Dans un communiqué en date du 02 octobre 2024, la division communication dit que le parlement a appris avec regret l’agression physique dont l’honorable député Guy Marius SAGNA a été victime. Et comme pour lui faire porter le chapeau, l’organisation soutient que la victime participait à une réunion non autorisée.

Le communiqué tardif de l’organisation sous régionale et le ton ambigu pourraient affaiblir sa crédibilité et soulever des questions sur son engagement à protéger les droits des députés et à promouvoir la démocratie dans la région, selon certains observateurs.

Jean-Baptiste Edina

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