Economie

Afrique : Sale temps  pour les économies du continent en 2023

Selon l’édition d’avril 2023 d’Africa’s Pulse, une publication semestrielle du bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne va connaître une moindre croissance économique en 2023, qui passera donc de 3,6% à 3,1%. D’une façon globale, cette partie du continent fera face à de graves difficultés économiques.

Certes, les performances ne sont pas les mêmes d’une sous-région à l’autre, mais il y a une baisse de la croissance partout.

Ainsi, « la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de la sous-région Afrique de l’Ouest et centrale (AFW) est estimée à 3,4 % en 2023, contre 3,7 % en 2022, tandis que celle de la sous-région Afrique de l’Est et australe (AFE) est estimée à 3,0 % en 2023, contre 3,5 % en 2022 », indique le rapport.

La croissance, tirée vers le bas, reçoit le contrecoup de l’incertitude de l’économie mondiale due à la guerre en Ukraine, la sous-performance des plus grandes économies du continent, et surtout une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l’investissement – et demeure insuffisante pour réduire l’extrême pauvreté.

Selon les économistes, il faut une croissance de deux chiffres et sur le moyen terme pour un impact significatif sur la réduction de la pauvreté.

Les plus grandes économies du continent comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Ghana, ou le Kenya, sont frappées par une forte poussée inflationniste et/ou des problèmes d’eau et d’énergie comme en Afrique du Sud. Même les pays de la zone franc qui ont plutôt résisté à la crise inflationniste, éprouvent de grandes difficultés.

La conséquence directe de l’inflation élevée est «l’augmentation des paiements de la dette et à des problèmes de liquidités, liés à des emprunts coûteux et à l’appréciation du dollar américain ». Vingt-deux pays de la région présentent un risque de élevé surendettement extérieur ou sont en situation de surendettement.

«Les spreads souverains ont augmenté et réduit le nombre de pays ayant accès au marché, ce qui augmente les risques de refinancement pour les pays ayant d’importants remboursements d’euro-obligations », souligne le rapport.

 L’autre versant est également l’augmentation des coûts d’emprunts, d’où la difficulté des pays de la zone UEMOA à lever des emprunts obligataires sur le marché de l’UEMOA. La Côte d’Ivoire était obligée de recourir au FMI pour un emprunt concessionnel de 2000 milliards CFA.

La guerre en Ukraine a d’ailleurs réduit l’aide budgétaire aux pays de la région. Non pas que le principal des aides disponibles partent à l’Ukraine, mais la situation de guerre crée un manque de disponibilités.

L’inflation rend également ardue la tâche pour les gouvernements pour résoudre les problèmes budgétaires. Car en réponse à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, les décideurs politiques ont eu recours à des mesures visant à limiter l’impact de la hausse de l’inflation, telles que des subventions, des dérogations temporaires aux droits de douane et aux prélèvements, et des mécanismes de soutien des revenus pour les plus vulnérables.

Cependant, «ces mesures ont retardé la consolidation fiscale, car les déficits budgétaires dans la région restent élevés et créent une pression supplémentaire sur le budget, en particulier pour les gouvernements dont la marge de manœuvre fiscale est presque épuisée», souligne le rapport.

Les solutions de la Banque mondiale

Le chef économiste de la Banque mondiale pour l’Afrique préconise des mesures fortes d’apparence mais en réalité draconiennes.

Selon le rapport, les pays miniers pourraient sortir leurs épingles du jeu. «Les pays riches en ressources peuvent tirer parti de la forte demande en minéraux et métaux liée à la transition énergétique (tels que le cobalt, le cuivre et le lithium) pour accroître leurs ressources fiscales, créer de nouvelles chaînes de valeur régionales génératrices d’emplois et accélérer l’accès à l’énergie sur le continent».

Mais la Banque mondiale attirance sur la gouvernance ; un laxisme au niveau de la fiscalité pourrait saboter l’alimentation du budget par une énorme partie de la rente des ressources.

La Banque préconise également une meilleure maîtrise de «l’inflation et une politique budgétaire ancrée dans la viabilité de la dette, essentielles pour assurer la stabilité macroéconomique».

En gros, la BM conseille aux Etats de se serrer la ceinture pour payer la dette, en vue d’éviter des déséquilibres macroéconomiques.  Mais, d’une manière générale, comme un serpent qui se mord la queue, la mobilisation des ressources pour payer la dette signifie moins de ressources pour alimenter les budgets sociaux.

En définitive, on n’est pas sorti de l’auberge. Mais, quoique la Banque mondiale table sur un retour de la croissance en 2024, il faut noter que l’année 2023 sera très pénible pour les pays africains, avec ces difficultés pour lever des emprunts sur les marchés.

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