Golfe 5 : La vraie-fausse démission de Jean Kissi
Un jeu de dupes de politicards était à l’origine de l’élection de l’UNIR Kossi Aboka à la tête de la commune du Golfe 5, qu’il a remporté avec des voix de l’opposition. Il semble que le jeu de dupes et autres tours de passe passe continuent. La dernière est le départ de Jean Kissi, conseiller CAR, de la tête d’une commission. Un départ qui n’en serait pas vraiment un.
Le mercredi 19 avril dernier, Jean Kissi, conseiller municipal CAR du Golfe 5, annonçait sa démission de la présidence de la «Commission des affaires domaniales, environnementales, techniques, des travaux et du patrimoine». Les conflits interpersonnels, le manque de ressources, seraient les causes vagues de cette démission, à en croire la presse. On n’en saura pas plus des tenants et aboutissants de la part de l’ex-député du Vo.
On sait néanmoins que son départ de la tête de cette commission intervient dans un contexte du congrès du CAR et des préparatifs pour les législatives 2023, auxquelles devrait postuler en principe Jean Kissi.
Cependant, il y a tout de même une confusion autour de cette démission. M. Jean Kissi est-il vraiment le président de ladite commission comme il le prétend ? Deux conseillers disent qu’il ne l’était pas, à dire vrai.
Comme la plupart des communes, le Golfe 5 dispose de trois commissions permanentes dont la fameuse Commission des affaires domaniales, environnementales, techniques, des travaux et du patrimoine. Et lors de l’élection des membres de cette commission permanente, M. Jean Kissi n’en était pas président. Le président était M. Kwesi Emmanuel Johnson.
Certes, il s’est passé un tour de passe passe juridique dans le Golfe 5, et les commissions permanentes ont été reformulées par le maire Kossi Aboka.
Ce dernier a donc reformulé les commissions permanentes en démettant M. Kwesi Emmanuel Johnson, le vrai président de la Commission des affaires domaniales et M. Fintakpa Lamega, président de la Commission des Finances, tous deux signataires d’une lettre adressée au maire Aboka portant dénonciation de la mauvaise gestion de la commune. M. Jean Kissi était aussi parmi les signataires.
Mais par hasard, à cause des bisbilles autour de sa gestion, le maire a procédé à des « re-formulations » des commissions dont furent ôtés les conseillers contestataires. M. Jean Kissi a sûrement été nommé/élu président au cours de cette reformulation décidée par le maire Kossi Aboka.
Or, comme le désigne le titre, une Commission permanente est «permanente», et le mandat des membres dure le nombre d’années d’un mandat d’un conseiller, c’est-à-dire six ans. Les membres démis étaient donc permanents.
La reformulation est donc manifestement illégale. Les personnes démises ont donc écrit au ministre en charge de la Décentralisation et du Préfet. Si le préfet du Golfe a validé la reformulation, le ministre en charge de la Décentralisation ne s’est pas prononcé. Jurisprudence, M. Boukpessi Payadowa n’a jamais validé la destitution des maires par les conseillers….
La reformulation d’une commission, si elle serait possible, doit être validée par la Chambre administrative de la Cour suprême. Or, cette Chambre n’a jamais été consultée.
Peut-être M. Jean Kissi, deux fois député et vieux routier de la politique togolaise, aurait-il été abusé par les circonstances de cette nomination ?
En tout cas, il se retrouve gros Jean comme devant. En tant que président de la Commission des affaires domaniales, il n’a jamais pu avoir ni les mains libres, ni les moyens pour travailler ; ses propositions n’ont jamais été prises en compte. La commission n’a d’ailleurs pas de salle pour travailler, contrairement à la plupart des mairies de Lomé et de l’intérieur. M. Aboka a-t-il profité de la situation quelque peu particulière de clair-obscur de M. Kissi pour ne pas lui laisser les coudées franches ?
Le Golfe 5 étrenne une expérience des plus difficiles en matière de décentralisation, les conseillers accusent le maire de gestion cavalière, et d’opacité dans la passation des marchés.
De guerre lasse, M. Jean Kissi quitte donc la tête de Commission des affaires domaniales, petit moment qui coïncide avec les prochaines investitures aux législatives.