Economie

Des tonnes de céréales s’exportent toujours en toute illégalité 

Les exportations de céréales se poursuivent au Togo. Chaque jour, plusieurs tonnes de maïs franchissent les frontières en direction des pays voisins. C’est le cas à Aflao, zone frontalière avec le Ghana. Tous les jours, on peut observer le ballet incessant des tricycles remplis de sacs de céréales. Les précieux produits sont achetés par des commerçants Ghanéens pour desservir principalement les localités du Sud-Est du Ghana.

Conséquences, il y a une tension constante sur les prix des céréales sur le marché togolais. «Si les prix ne baissent pas, c’est aussi parce que les céréales sont très demandés par nos voisins. Ils viennent et achètent le maximum», explique une commerçante.

Un trafic tout à fait illégal

Cette exportation massive de céréales qui dégarnit le marché togolais constitue un trafic illégal. L’une des raisons est que les produits ne passent jamais par les voies légales d’entrée et de sortie du territoire. Les tricycles se frayent un chemin entre la grille qui s’ouvre et se referme aussitôt après le passage des produits. Un mécanisme tellement huilé que tout se passe en quelques secondes. La complicité des forces de défense positionnés le long de la grille qui fait office de frontières ne fait aucun doute.

Il nous souvient que le 16 mai 2022, un arrêté interministériel a été pris pour lutter contre les exportations massives des produits de grande consommation. Il s’agit de l’arrêté N°010/MCICL/MEF/MAEDR/MSPC fixant les conditions d’exportation de produits de grande  consommation au Togo. Un arrêté semblable avait été pris en juin 2021.

L’arrêté interministériel du 16 mai 2022 dit en son article 3 que toute exportation est soumise à autorisation du ministre en charge du commerce.

On se rend compte aujourd’hui que les petites exportations de 1 ou 2 tonnes passent inaperçues avec la complicité des forces de défense et la douane dont la mission est d’empêcher de pareils trafic. Ce que l’on oublie, c’est qu’en une journée, une cinquantaine de tricycles peut passer la grille au niveau d’Aflao. Cela équivaut à 50 tonnes de céréales. En un mois, cela représente 1500 tonnes.

Ce trafic concerne aussi d’autres produits comme le gari, les tomates, l’huile végétale, le riz, etc. Bref, le gouvernement ne lutte pas véritablement contre ces exportations qui privent les Togolais de nourritures et constitue un facteur d’inflation des prix.

La dernière saisie de cargaison de produits de grande consommation dont nous avons connaissance remonte à avril 2022. 26 tonnes de maïs en provenance de Bassar en direction du Bénin ont été interceptées à Aného par la Gendarmerie Nationale. « On ne peut pas accepter l’exportation de cette quantité alors que nous assistons à une flambée des prix sur le marché local », a réagi le Colonel Ouro-Koura Agadazi, Directeur général de l’Agence nationale de la sécurité alimentaire du Togo (ANSAT).

La lutte ne continue visiblement plus. Pourtant, le contexte de flambée des prix sur le marché local dans un climat de cherté de la vie n’a pas changé. Sur le marché, le nouveau maïs se vend entre 750 et 800 FCFA pendant que l’ancien maïs tente de dépasser la barre de 1000 FCFA le bol. En temps normal, le nouveau maïs se vend à au plus 500 FCFA le bol.

Jean-Baptiste Edina

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