Gomado : la fin d’une carrière politique florissante ?
Une fausse surprise s’est abattue sur Lomé ce 20 août 2024 avec la publication de la liste des membres du nouveau gouvernement. Koamy Gomado, maire de la commune de Golfe 1 et cadre de l’ANC est nommé ministre. L’intéressé écope d’une suspension en attendant une inévitable exclusion du parti.
Un «opposant» au gouvernement
En attendant la conclusion de la procédure disciplinaire ouverte à son encontre pour faute lourde, M. Joseph Koamy Gbloékpo Gomado est suspendu de toutes ses fonctions fédérales et centrales au sein du parti. C’est la phrase introductive du communiqué N°24-073/ANC/BN-SG publié quelques heures après la publication de la liste des membres du gouvernement Dogbé 2, gouvernement dit de transition.
En effet, plusieurs jours après son annonce, la liste du nouveau gouvernement est rendue publique le 20 août 2024. Au grand étonnement du public, le maire de la commune du Golfe 1 fait son entrée au gouvernement sous le portefeuille de l’aménagement et du développement des territoires.
Pour son parti l’ANC, cette nomination relève de l’initiative et de la responsabilité individuelles, personnelles et solitaires de l’intéressé qui « a succombé aux chants des sirènes en rejoignant le camp de l’oppresseur ». Le désormais ministre de Faure Gnassingbé qui risque l’exclusion définitive du parti pour faute lourde a déjà pris fonction.
Une fausse surprise
C’est avec étonnement que l’opinion a appris le débauchage du maire Koamy Gomado par le régime. Sur les réseaux sociaux, la majorité des commentaires soulignent l’effet surprise de cette nomination.
Pourtant, il ne s’agit pas d’une surprise. Au sein de son parti, on savait Gomado en partance. D’ailleurs, l’intéressé aurait rejoint le camp adverse au moins depuis son élection à la commune du Golfe 1. Du moins dans sa manière de fonctionner.
Des sources proches de la commune relèvent régulièrement ses prises de position en défaveur de son parti. Répartition des postes clés à la mairie, conflit territorial avec la commune voisine du Golfe 4, contestation du leadership de Jean-Pierre Fabre, etc.
Certains l’annonçaient dans des démarches pour créer son parti politique ou aller aux dernières législatives en tant qu’indépendant. Seulement, il était difficile de penser qu’il rejoindrait le parti au pouvoir. C’est son choix et il faut le lui respecter.
Une florissante carrière politique sacrifiée
D’élu communal à maire, puis de maire à ministre. On peut dire sans se tromper que Koamy Gomado a gravi les échelons. Mais il n’a pas « percé ». Et pour cause, en acceptant d’être nommé ministre, l’ancien membre du bureau national de l’ANC a atteint le paroxysme de sa carrière politique. Trop vite d’ailleurs.
Au Togo, avec le régime en place, le poste de ministre est le summum de la hiérarchie politique. Avec un président indéboulonnable qui fait et défait, il est impossible d’aller plus loin. Les exemples sont légion. Les militants sont balancés entre députation et poste ministériel et finissent comme conseiller à la présidence de la République. Nul ne franchit le seuil de la présidence de la République ou du Conseil des ministres, selon la nouvelle constitution contestée.
Mais en demeurant membre du bureau national de l’ANC, Gomado avait toutes les chances d’aller loin dans sa florissante carrière politique. Il a plus de chance d’émerger davantage en étant dans l’ANC qu’en se ralliant à UNIR. Par contre, avec UNIR, il peut s’en mettre plein les poches.
Jean-Baptiste Edina