Selon Mme Anne Colette Kpedji, Directrice exécutive de l’ONG WILDAF-Togo et qui s’appuie sur une projection de la branche des Nations unies pour la population (UNFPA), environ 2.000.000 filles seront excisées la prochaine décennie. Une estimation inquiétante qui n’épargnera pas le Togo où la lutte se mène aussi.
« Au Togo, le taux de prévalence des mutilations génitales féminines est de 4% », affirme la première responsable de l’association. Une régression mais le mal est « en train de resurgir ». La cause, un autre mal que le monde entier n’a pas vu venir : la pandémie du Covid-19. Cette maladie infectieuse qui a amené la planète à une vie recluse serait vectrice de la prolifération des MGF.
Les restrictions liées au coronavirus auraient favorisé le phénomène. Déjà que, avant la maladie du Covid-19, il y a certaines pesanteurs notamment le silence des victimes des MGF et surtout la non dénonciation des auteurs de ces violences faites aux femmes. « C’est cette sorte de solidarité qui rend la tâche difficile bien qu’il y ait des dispositions pénales pour décourager ces pratiques », fait observer Anne Colette Kpedji.
Un tableau pas très reluisant se dessine pour le Togo au regard des estimations mondiales concernant les années à venir. Ces prévisions alarmistes auront certainement des incidences sur des relevés déjà établies. En effet, selon les données, le taux de prévalence des MGF est très élevé dans la région septentrionale du Togo (Région Centrale, 33%, des Savanes 23%, Kara, 14%, mais décroît au fur et à mesure qu’on descend de ces régions, les chiffres deviennent faibles (Région des Plateaux, 11% Région Maritime 1%). Cela est lié aux pratiques traditionnelles et religieuses très poussées dans le septentrion.
Ces projections ne pourraient pas se réaliser si les associations et leurs partenaires intervenant dans les MGF intensifient leurs efforts. A WILDAF-Togo, on compte, outre les sensibilisations, continuer à accompagner les femmes victimes. L’association fait face souvent à des cas de fistules obstétricales, l’une des nombreuses conséquences (traumatismes, contaminations, infections, des règles douloureuses, les accouchements difficiles, déscolarisation, entre autres) liées à l’excision. C’est un problème de santé publique qui ne peut pas laisser indifférente l’ONG.
« Depuis plus de dix ans, WILDAF-Togo fait la prise en charge chirurgicale des femmes atteintes de fistule obstétricale. En novembre dernier, nous avons fait opérer 36 femmes et c’était la deuxième campagne de l’année puisque nous faisons deux chaque année », relève Anne Colette Kpedji. Elle ajoute que ce sont plus de 70 victimes d’excision qui sont ainsi accompagnées avec l’appui des partenaires de l’association parmi lequel UNFPA. Elle va mener une étude en collaboration avec l’association.
Le projet vise à établir des données fiables sur les MGF au Togo. Les chiffres actuels, d’après la Directrice, sont basés sur « des estimations ». « Le projet permettra de détecter les zones à fortes prévalences et des goulots d’étranglement. Cela nous aussi permettra de bâtir des stratégies de sensibilisation et surtout d’amener les gens à dénoncer ces pratiques. Également, l’étude nous permettra de faire le plaidoyer auprès des autorités pour qu’elles nous accompagner », précise-t-elle.
Selon la Directrice exécutive, parmi les formes d’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme, l’ablation du clitoris est la plus pratiquée au Togo. Et si ces pratiques subsistent encore malgré les dispositions pénales, c’est parce que selon WILDAF-Togo, en plus de la « solidarité » des auteurs, ces derniers réussissent souvent à s’échapper en traversant les frontières voisines où il existerait un certain laxisme juridique. Aussi, la tranche d’âges des femmes mutilées va-t-elle de la petite enfance à l’adolescence. Anne Colette cite un autre problème, celui de la reconversion des exciseuses. Elle reconnaît qu’un projet avait été initié avec son association et cela avait des donné des résultats satisfaisants. Les femmes exciseuses ont abandonné leur métier et se sont retrouvées dans les activités génératrices de revenus.
Au-delà de ces estimations pessimistes liées à la résurgence des mutilations génitales féminies, la Directrice exécutive se veut optimiste. Pour cela, elle en appelle à des actions concertées des partenaires et des associations qui luttent contre les MGF afin de les éradiquer.
Benoît EKLOU
Mutilations génitales féminines : vers des lendemains inquiétants
Selon Mme Anne Colette Kpedji, Directrice exécutive de l’ONG WILDAF-Togo et qui s’appuie sur une projection de la branche des Nations unies pour la population (UNFPA), environ 2.000.000 filles seront excisées la prochaine décennie. Une estimation inquiétante qui n’épargnera pas le Togo où la lutte se mène aussi.
« Au Togo, le taux de prévalence des mutilations génitales féminines est de 4% », affirme la première responsable de l’association. Une régression mais le mal est « en train de resurgir ». La cause, un autre mal que le monde entier n’a pas vu venir : la pandémie du Covid-19. Cette maladie infectieuse qui a amené la planète à une vie recluse serait vectrice de la prolifération des MGF.
Les restrictions liées au coronavirus auraient favorisé le phénomène. Déjà que, avant la maladie du Covid-19, il y a certaines pesanteurs notamment le silence des victimes des MGF et surtout la non dénonciation des auteurs de ces violences faites aux femmes. « C’est cette sorte de solidarité qui rend la tâche difficile bien qu’il y ait des dispositions pénales pour décourager ces pratiques », fait observer Anne Colette Kpedji.
Un tableau pas très reluisant se dessine pour le Togo au regard des estimations mondiales concernant les années à venir. Ces prévisions alarmistes auront certainement des incidences sur des relevés déjà établies. En effet, selon les données, le taux de prévalence des MGF est très élevé dans la région septentrionale du Togo (Région Centrale, 33%, des Savanes 23%, Kara, 14%, mais décroît au fur et à mesure qu’on descend de ces régions, les chiffres deviennent faibles (Région des Plateaux, 11% Région Maritime 1%). Cela est lié aux pratiques traditionnelles et religieuses très poussées dans le septentrion.
Ces projections ne pourraient pas se réaliser si les associations et leurs partenaires intervenant dans les MGF intensifient leurs efforts. A WILDAF-Togo, on compte, outre les sensibilisations, continuer à accompagner les femmes victimes. L’association fait face souvent à des cas de fistules obstétricales, l’une des nombreuses conséquences (traumatismes, contaminations, infections, des règles douloureuses, les accouchements difficiles, déscolarisation, entre autres) liées à l’excision. C’est un problème de santé publique qui ne peut pas laisser indifférente l’ONG.
« Depuis plus de dix ans, WILDAF-Togo fait la prise en charge chirurgicale des femmes atteintes de fistule obstétricale. En novembre dernier, nous avons fait opérer 36 femmes et c’était la deuxième campagne de l’année puisque nous faisons deux chaque année », relève Anne Colette Kpedji. Elle ajoute que ce sont plus de 70 victimes d’excision qui sont ainsi accompagnées avec l’appui des partenaires de l’association parmi lequel UNFPA. Elle va mener une étude en collaboration avec l’association.
Le projet vise à établir des données fiables sur les MGF au Togo. Les chiffres actuels, d’après la Directrice, sont basés sur « des estimations ». « Le projet permettra de détecter les zones à fortes prévalences et des goulots d’étranglement. Cela nous aussi permettra de bâtir des stratégies de sensibilisation et surtout d’amener les gens à dénoncer ces pratiques. Également, l’étude nous permettra de faire le plaidoyer auprès des autorités pour qu’elles nous accompagner », précise-t-elle.
Selon la Directrice exécutive, parmi les formes d’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme, l’ablation du clitoris est la plus pratiquée au Togo. Et si ces pratiques subsistent encore malgré les dispositions pénales, c’est parce que selon WILDAF-Togo, en plus de la « solidarité » des auteurs, ces derniers réussissent souvent à s’échapper en traversant les frontières voisines où il existerait un certain laxisme juridique. Aussi, la tranche d’âges des femmes mutilées va-t-elle de la petite enfance à l’adolescence. Anne Colette cite un autre problème, celui de la reconversion des exciseuses. Elle reconnaît qu’un projet avait été initié avec son association et cela avait des donné des résultats satisfaisants. Les femmes exciseuses ont abandonné leur métier et se sont retrouvées dans les activités génératrices de revenus.
Au-delà de ces estimations pessimistes liées à la résurgence des mutilations génitales féminies, la Directrice exécutive se veut optimiste. Pour cela, elle en appelle à des actions concertées des partenaires et des associations qui luttent contre les MGF afin de les éradiquer.
Benoît EKLOU