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Sénatoriales 2025 : L’issue déjà connue, la participation de l’opposition en question

Le processus de mise en place du régime parlementaire de la 5ème République se poursuit. Les élections sénatoriales sont annoncées pour le 2 février 2025. Elles vont ouvrir la voie à l’effectivité du Sénat et des autres institutions. Une constante, les résultats ne font l’objet d’aucun doute, au vu de la configuration du corps électoral. Quid de la participation de l’opposition ?

Les sénatoriales annoncées

Le gouvernement togolais a officiellement lancé le processus des élections sénatoriales prévues pour le dimanche 2 février 2025. Le président Faure Gnassingbé a signé, le 3 décembre, une série de décrets encadrant ce scrutin. Ceci sur proposition, dit-on, de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Selon le chronogramme, la campagne électorale débutera le vendredi 17 janvier 2025 à minuit et se clôturera le vendredi 31 janvier 2025 à 23h59. Les candidats devront verser un cautionnement de 300.000 FCFA au Trésor public dans les 48 heures suivant la publication de la liste provisoire des candidats. Toutefois, pour encourager la participation féminine, le montant de la caution est réduit de moitié pour les candidates.

Le corps électoral sera, selon les dispositions, composé des conseillers régionaux et municipaux de toutes les communes. Le scrutin se déroulera de 7h à 16h sur tout le territoire national.

Ces mesures font suite à l’adoption, après avis de la Cour constitutionnelle, de deux ordonnances concernant le nombre de sénateurs, leurs indemnités et leurs conditions d’exercice.

Le vainqueur déjà connu

Comme mentionné plus haut, pour la désignation des sénateurs, le scrutin n’est pas direct et universel. « Le Sénat est composé pour deux tiers (2/3) de ses membres, de personnalités élues par les représentants des collectivités territoriales et pour un tiers (1/3) de ses membres, de personnalités désignées par le Président du Conseil », dit l’article 10 de la Constitution promulguée le 6 mai 2024. Le choix est opéré par des élus, notamment les conseillers municipaux et régionaux. Ce corps électoral est issu des élections municipales de 2019 et régionales tenues en avril 2024.

Pour les premières, le parti au pouvoir UNIR s’est taillé la part du lion en s’octroyant 920 sur les 1527 sièges de conseillers municipaux à pourvoir. Pour les secondes, la tendance s’est confirmée avec un score de 137 conseillers régionaux sur 179. En d’autres termes, le parti au pouvoir peut compter sur 60 % des électeurs au niveaux des conseillers municipaux et 77 % pour ce qui concerne les conseillers régionaux. Sur les 1706 électeurs composant le corps électoral, les candidats qui vont s’inscrire sous la bannière de l’UNIR ont la garantie d’être soutenus par un millier d’électeurs. Ce scrutin ne sera que pures formalités.

À la suite de ces élections, au sein des institutions de la République, le parti au pouvoir aura tous les leviers. Majorité étouffante, pardon écrasante à l’Assemblée nationale, majorité au Sénat, majorité de maires à la tête des communes et des conseils régionaux, UNIR a tout capté. Les gouverneurs sont issus aussi de ses rangs.

Un dilemme pour l’opposition ?

Longtemps accusée de faire la politique de la chaise vide, l’opposition togolaise fait face à un choix que d’aucuns diraient compliqué. Enfin, pas pour toute l’opposition parce qu’il y a celle qui soutient le pouvoir et qui ne verrait aucun mal à prendre part à ce scrutin où tout est joué à l’avance. Pas parce que le régime a toujours ses méthodes pour gagner, mais parce que dans le cas présent, fraudes ou pas, l’électorat est déjà conquis. On peut même passer l’étape de la campagne électorale.

Il y a aussi la frange de l’opposition dont les élus ne participeront pas, et c’est certain, à ce scrutin sénatorial. Il s’agit de partis comme l’Alliance nationale pour le changement (ANC) dont le député a refuser de siéger, des Forces démocratiques pour la République (FDR) qui a également boudé l’Assemblée nationale, ainsi que les partis et organisations ayant des élus communaux ou régionaux et qui s’opposent à la mise en œuvre de la controversée 5ème République. Ceux-là ne devraient pas participer aux élections sénatoriales.

Présentes à l’Assemblée nationale, l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) et la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), membre de la DMP, pourront participer à ce scrutin. C’est logique !

Certains peuvent estimer qu’une participation aux élections sénatoriales n’est pas synonyme de caution de la nouvelle constitution. Ils ont raison, puisque le sénat est une disposition existant dans la Constitution de 1992. La rendre effective n’est que respecter la Constitution. Mais le revers de la médaille, c’est que la Constitution a beaucoup trop changé et la mise en place du sénat concourt à celle des autres institutions de la 5ème République. Un nouveau régime qui n’a pas obtenu l’aval du peuple, les Togolais n’ayant pas eu le droit, contrairement au 27 septembre 1992, de se prononcer par référendum. C’est le péché originel de la 5ème République.

O.L.

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