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Sénégal : Deux prédécesseurs de Macky Sall entérinent le putsch constitutionnel

Alors que Dakar la capitale et plusieurs villes sont en ébullition depuis l’arrêt du processus électoral décidé par le président Macky Sall, ses deux derniers prédécesseurs, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, lui apportent un appui inavoué dans un message adressé au peuple sénégalais dont L’Echiquier a obtenu copie.

Dans un premier temps, les deux présidents expriment leurs condoléances aux familles endeuillées par les répressions des manifestations depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024.

Validation du putsch

«Nous appelons notre jeunesse, dont nous comprenons les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et les destructions de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs », écrivent les deux ex-présidents.

Les deux anciens dirigeants expriment ensuite leur accord avec le président Macky Sall quant au report du scrutin présidentiel et appuient son appel à la tenue d’un « dialogue national » devant «déboucher sur une large réconciliation nationale dans le respect de la constitution et de l’Etat de droit».  

Enfin, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf entérinent le report controversé du scrutin présidentiel et appellent  le pouvoir, la classe politique et la société civile à des discussions franches pour « participer à des discussions franches et loyales » pour la tenue du scrutin présidentiel dans des « conditions parfaitement transparentes,  inclusives et incontestables ».

Si le document est authentique, les conditions d’un tel message consensuel entre les deux anciens dirigeants restent pour nimbées de mystère.

Pour rappel les deux présidents n’ont pas attendu les recours devant le conseil constitutionnel par les députés de l’opposition et des candidats quant au vote du report par le parlement et la prolongation du mandat présidentiel. Ils n’ont également point évoqué les violations de la constitution soulevées par l’opposition et la société civile.

Marché de dupes

Cependant, ils accusent dans leur message “des forces extérieures aux desseins obscurs“, faisant ainsi écho au discours du chef de l’Etat aux forces islamistes qui oeuvrent dans l’ombre de son opposant irréductible Ousmane Sonko et son candidat.

Depuis son départ de la présidence en avril 2000, après 20 ans de règne, le président Abdou Diouf (1981-2000) ne s’est jamais prononcé officiellement sur la politique intérieure du Sénégal, ni sur la gouvernance de son prédécesseur Abdoulaye Wade. Même au plus fort de la crise de 2012, malgré les manifestations qui ont émaillé la volonté farouche du président Wade de faire un troisième mandat, M. Diouf s’était fait remarquer par un silence sépulcral. Son intervention aux cotés de Wade demeure un mystère.

Ce n’est pourtant pas le cas de son successeur A. Wade. A 97 ans, le vieillard garde encore un pied dans l’arène politique, non seulement à travers son fils Karim dont la candidature a été rejetée par le Conseil Constitutionnel mais aussi l’activité de son Parti démocratique sénégalais (PDS), qui a voté avec la majorité présidentielle le report du scrutin présidentiel.

Abdoulaye Wade, son PDS, et Macky Sall sont coresponsables de la chienlit actuelle que connaît le Sénégal. Macky Sall et Abdoulaye Wade opèrent une OPA sur l’élection présidentielle et sont à fond pour y mettre tous les moyens pour l’emporter… quoi qu’il en coûte.

Le 3 février dernier, à la veille de la campagne présidentielle, le Président Macky Sall annonce de façon inattendue le report sine die de la présidentielle, évoquant des problèmes de corruption des juges constitutionnels.

Le président censé quitter le pouvoir le 15 avril voit son mandat prolongé jusqu’en décembre prochain. De leur côté, l’opposition et la société civile côté, mobilisent la population pour que le scrutin se tienne à date, c’est à dire le 25 février prochain.

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