Politique

Terrorisme : L’interdiction de cultiver les céréales de grandes tailles sera-t-elle efficace?

Interdiction de contrebande de produits pétroliers, fermeture du marché aux bétails de Koundjoaré, évacuation des villages proches de la zone frontalière, depuis les premières attaques terroristes, le gouvernement togolais prend des mesures difficiles, dont la dernière en date porte sur l’interdiction de certaines cultures céréalières. La question de leur efficacité se pose.

Pour des raisons d’ordre sécuritaire et plus d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a interdit la culture des céréales de grande taille. Un système de cultures diversifiés, à dominance de grandes céréales (maïs, sorgho, mil), caractérise la région.

L’interdiction porte sur les zones frontalières des préfectures de Tône, Cinkassé, Kpendjal, Kpendjal Ouest, ainsi que la proximité des postes de contrôle des forces de défense et de sécurité (FDS) et le long des grandes routes, relève notre confrère Afreepress.

Les surfaces cultivées de ces plantes pourraient constituer potentiellement des abris pour les terroristes pour s’attaquer aux populations et aux forces de l’ordre, voire compliquer les FDS.

Seule la culture du soja, dont la plante, relativement courte, est permise.

Les attaques terroristes ont fait plus de quatre dizaines de tués parmi les FDS et plus de 140 parmi les civils, des milliers de déplacés, selon le chef de l’Etat le 27 avril 2023.

Stratégie vouée à l’échec ?

Depuis le déclenchement des attaques terroristes, la riposte gouvernementale connait quelques difficultés. Les mesures sécuritaires draconiennes impactent lourdement une économie régionale fragile, alors que plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

L’agriculture va subir le contrecoup de l’évacuation de plusieurs villages par les autorités pour faciliter des opérations de lutte anti-djihadistes.

Malgré les mesures d’accompagnement du gouvernement, on peut craindre l’insuffisance des aides aux populations déplacées, à cause des changements rapides dans leur quotidien et leur économie.

Les autorités ont déjà procédé à la fermeture du marché de bétail de Koundjoaré, centre commercial au chiffre d’affaires annuel de plusieurs centaines de millions CFA, attirant des commerçants du Ghana, Bénin, Burkina Faso et Niger.

En sus de cette fermeture, la région subit également l’interdiction de la contrebande du carburant, une activité génératrice d’importants revenus qui emploie des centaines de jeunes, et est bénéfique par ricochet à des milliers de personnes et des familles.

Le ministère de la Sécurité voudrait par cette interdiction assécher les sources économiques des groupes djihadistes.

La stratégie de lutte des autorités pourrait toutefois exacerber la pauvreté, entamer la résilience des populations, pousser les jeunes dans les bras des multinationales terroristes actives au Sahel.

Plusieurs études du phénomène des violences au Sahel montrent la subsidiarité du facteur religieux dans la poussée des jeunes vers les djihadisme.

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