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Turquie : Recep Tayip Erdogan, vainqueur de la présidentielle avec 52%

Au pouvoir depuis 20 ans, Recep Tayip Erdogan va probablement remporter le second tour de la présidentielle qui s’est déroulée ce dimanche. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote et le décompte de plus 95% des suffrages exprimés, le président sortant poursuit la course en tête avec 52% des voix.

Une victoire qui s’annonce plutôt faible alors que ses partisans la voulaient nette avec 60%. Le président du parti islamiste AKP a été contraint à un second tour avec un score de plus de 49,52 % des suffrages contre 44,88 % pour son challenger Kemal Kılıçdaroğlu, au premier tour.

Dans une courte allocution, Kemal Kılıçdaroğlu a reconnu sa défaite.

Malgré la faiblesse du résultat, il s’agit tout de même d’une victoire historique pour M. Erdogan que les sondages donnaient pour battu à plate couture.

Cependant, les mauvais résultats économiques avec la chute vertigineuse de la livre turque, les désastreuses conséquences du séisme déclinant la face d’une administration corrompue, les accusations d’autoritarisme et de destruction de la laïcité, l’alliance des oppositions contre sa personne, n’ont pas suffi pour mettre un terme à deux décennies de règne du président Erdogan.

Le président est néanmoins mis en minorité dans les grandes villes comme Ankara et Istanbul et dans la diaspora en Angleterre, mais a accueilli un vote massif dans les autres villes, les zones rurales, en France, Allemagne et Belgique.

Une puissance émergente

M. Erdogan tire sa popularité de sa forte personnalité et à son caractère de thaumaturge et aux fantasmes développés quant à un retour de la Turquie à son passé glorieux ottoman.

Il bénéficie aussi du rapide développement économique de la Turquie, dont les entreprises concurrencent les leaders mondiaux dans les domaines des BTP et de l’armement surtout le secteur des drones.

A cheval entre l’Asie et l’Europe, la Turquie d’Erdogan est sur le plan diplomatique, un acteur majeur de la géopolitique mondiale. Elle est présente en Libye et dame déjà le pion à certaines puissances européennes en Afrique. En Europe, dans la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine, il a su rester conserver une relative neutralité alors que l’OTAN, l’organisation dont elle est membre, soutient ouvertement l’une des parties au conflit par la livraison des armes et de dures sanctions économiques contre la Russie.

Parallèlement, M. Erdogan a jugulé la nuisance de l’armée russe par la fermeture de son espace aérien et du détroit du Bosphore et des Dardanelles aux navires militaires russes, tout en étant médiateur dans la facilitation des accords sur le commerce du blé ukrainien.

En Eurasie, Erdogan pousse ses pions par un soutien militaire affiché au turcophone Azerbaïdjan dans le conflit contre l’Arménie à propos du Haut-Karabagh.

Cette victoire est donc une consécration d’un homme qui se voit comme le nouveau sultan de Turquie.

Mais la victoire pourra avoir un goût amer si Erdogan n’arrive pas à enrayer la chute de la livre et l’inflation, d’autant plus que les perspectives économiques en 2023 et 2024, du fait de la guerre en Ukraine, ne sont guère prometteuses.  

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