Economie

Chronique: Sans tambour ni trompette, le Chinois gagne des millions en Afrique

Le Chinois est organisé et méthodique ; ce sont là deux vertus universelles incontournables pour faire des résultats avec efficacité et pertinence. Par ailleurs, le Chinois, en sus de Confucius (551-479 av JC), a une discipline d’État comme bréviaire.

L’Africain par contre fait à longueur d’année dans des distractions et turpitudes via de belles, répétitives et mensongères résolutions ; il adore le formalisme et les slogans qui éloignent des préoccupations de substance ; il célèbre l’accessoire, pourvu qu’il habille convenablement le dérisoire et camoufle les échecs qui sont d’abord ceux du Chef avant d’être ceux de son équipe de courtisans ; l’Africain sacralise rarement la bonne gouvernance, mise en veilleuse derrière un désir maladif du Grand Chef, éperdu d’orgueil à quatre sous, d’être un rapace pour tout ce qui sent le fric d’où qu’il vienne ; le dirigeant africain est facilement promoteur de népotisme, de clientélisme, de tribalisme et finalement de despotisme faiblement éclairé. L’Afrique subsaharienne est généralement surendettée et gère des déficits publics abyssaux et inopportuns pour cause de corruption et de mal gouvernance de ses Chefs d’État.

La corruption des dirigeants africains en particulier et en général la mal gouvernance sont les fléaux contemporains en Afrique subsaharienne : quasiment tous les secteurs de la vie de la nation sont concernés, y compris et surtout le secteur diplomatique qui symbolise en premier lieu l’indépendance d’un pays. L’Afrique subsaharienne fait chaque jour son plein de programmes macroéconomiques innovants mais est en manque de gouvernants intègres, cultivés et de qualité.

Reconnu coupable de corruption en Chine, vous êtes condamné à la potence : que vous soyez haut dirigeant ou pas. En Afrique, ce sont les corrompus, en substance des Chefs d’État plus voyous que ne peuvent l’être de modestes fonctionnaires de régie financière, en quête d’arrondir frauduleusement leur fin de mois, qui envoient ad patres ceux qui indélicatement mettent leur nez dans leurs mœurs devenues finalement si maffieuses que leur train de vie stupidement ostentatoire a de la peine à maquiller.     

La Chine du milliard et demi d’habitants a quasiment enrayé le phénomène de la corruption chez elle ; toutefois, elle en connait et maîtrise à souhait son efficacité perverse. C’est pourquoi elle la pratique à outrance, sans état d’âme et sous toutes ses formes en Afrique subsaharienne : corruption passive à visage de méga infrastructures clinquantes en guise de dons, comme des stades de foot ou des sièges clé-en-main d’organisations régionales ou sous-régionales, corruption active à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes et présents divers à tous ceux qui comptent sur les chaînes de décision majeure etc.

Il faut un sursaut citoyen au niveau des Chefs d’État de nombreux pays africains concernés, à divers degrés bien entendu, par le fléau de la corruption. Ceux-ci devraient se résoudre à admettre qu’ils se font ridiculiser plutôt qu’adouber et font ridiculiser tout un Continent par leur enrichissement illicite en deniers publics. En effet, en 2023, c’est quasiment inconcevable et irrecevable qu’un Chef de l’État, fonctionnaire de l’administration publique, soit un richissime citoyen du seul fait de sa position présente ou passée de premier magistrat : c’est totalement incongru. Nombre d’entre eux sont malheureusement des Chefs d’État ivres d’enrichissement rapide au point d’oublier leur statut de serviteur éphémère de l’État. Peu de ces riches, en deniers publics détournés, ont encore conscience que l’État, qui les a faits princes, s’occupe d’un Président de la République pendant et après sa mandature sans se transformer en caverne d’Ali Baba pour son serviteur signataire d’un contrat au demeurant à durée déterminée.

Sans un sursaut citoyen anti auto-corruption des Présidents des républiques africaines, la lutte contre la corruption n’a absolument aucune chance de réussite, même en alignant tous les jours de nouvelles organisations de la société civile dédiées à combattre ce fléau et de beaux discours (délivrés par des Chefs aussi corrompus qu’hypocrites). Faudrait-il le rappeler, la corruption est une véritable calamité qui coûte chaque année, mine de rien, près du tiers du produit intérieur brut (PIB) selon certaines sources sérieuses et surtout, désarticule les mœurs sociétales vertueuses.

L’Afrique ne peut rêver de progrès économique et social si ceux qui font la décision sont pourris comme du poisson et incapables de résister aux dessous de table et autres sirènes de l’argent facile. Elle a prioritairement besoin d’organisation et de méthode comme en Chine et de dirigeants vertueux. Tout est finalement dans la gouvernance, la bonne gouvernance comme s’y attèlent les chinois depuis Mao.

Vilévo DÉVO, 20 mars 2023.

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