La vie que nous menons ici est le nouveau projet en cours de l’écrivain canadien-togolais Anas Atakora. C’est un recueil de poèmes qui a pour ambition artistique de mettre le doigt sur ce qui fait ou défait la vie d’un sujet contemporain partagé entre la beauté et le chaos. Le poète s’interroge : comment vivre à Lomé avec et malgré tout. Quelles charges physique et psychologique cela demande. Quelles incidences sur la santé mentale. Comment partir et vivre ailleurs. Quels liens créons-nous, quelles poétiques envisageons-nous à partir de la vie socialement sophistiquée (et souvent très artificielle) de l’ailleurs et la vie politiquement saturée (et souvent très tragique) de l’ici? Voici un extrait en exclusivité pour notre journal.
La vie que nous menons ici
est une vie de faire
conjugué au temps ambigu
de la frustration
On fait comme on peut
dans la plainte silencieuse
du dominé heureux
Notre ici est une route crevée
une note d’espoir
qu’on cherche
qu’on joue
avec le reste des pavés antiques
Nous n’habitons pas la ville
mais les banques
qui nous prêtent ce qu’il faut
pour déposer des briques
sur chaque aile de nos rêves
Dans la poussière et la boue
nous créons
la marge nécessaire
afin que la nuit ait un goût
de femme et d’alcool
On fait comme on peut
pour avoir un lit
d’étoiles et d’amour
Parce qu’il faut toujours
faire un peu plus de place
à l’espérance
Demain est un ici moins éclaté
Anas Atakora, poète
