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Faure Gnassingbe en visite en France chez un Emmanuel Macron en plein doute

Le numéro un togolais est arrivé en France ce 14 août où il participera, à l’invitation du président Emmanuel Macron, à la commémoration du 80ème anniversaire du débarquement en Provence. Plusieurs chefs d’Etat francophones d’Afrique participent également à cette cérémonie qui va se dérouler dans un contexte de relations difficiles entre la France et ses ex-colonies.

Le débarquement de Provence, désigné sous les noms de code Anvil puis Dragoon, est une opération militaire menée pendant la Seconde Guerre mondiale à partir du 15 août 1944 par les troupes alliées dans le Sud-Est de la France (entre Toulon et Cannes). Elle marque l’entrée massive des troupes des colonies françaises d’Afrique, les fameux tirailleurs africains dans la guerre et l’attaque contre la présence allemande à partir du front méridional.

Il s’agit d’honorer le combat des soldats africains engagés dans cette guerre, après la promesse d’une émancipation des colonies faite par le général Charles Gaulle lors de son discours à Brazzaville.

Participent à cette cérémonie les présidents Paul Biya, du Cameroun, Azali Assoumani, des Comores, Faure Gnassingbé, du Togo, Faustin-Archange Touadéra, de la République centrafricaine et le général Brice Oligui Nguema, président de la transition gabonaise. La Côte d’Ivoire, Djibouti, la Guinée, Magadascar, le Sénégal et la Tunisie sont représentés au niveau ministériel.

Difficiles relations franco-africaines

Cette commémoration intervient dans un contexte difficile des relations entre la France et son pré carré d’Afrique francophone. Après la longue lune de miel avec les dirigeants africains depuis Charles de Gaulle et Jacques Foccart, son génie du mal bâtisseur de cette relation étroite qu’on appelle la Françafrique, rien ne va plus entre la France et ses colonies.

Si les rapports ont été quelque peu tendus entre sous les présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, ils sont devenus absolument exécrables sous la présidence d’Emmanuel Macron. La France et son armée sont ainsi chassées de plusieurs pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger, et la Centrafrique. Dans certains cas la violence de la rupture ne prête pas à l’optimisme d’une réconciliation dans un avenir proche. Pire, le rapprochement entre ces pays et la Russie dans un contexte de guerre en Ukraine, mais aussi de guerre hybride menée par le Kremlin contre la France et l’Europe, exacerbe les tensions.

Même les pays traditionnellement alliés de la France se soustraient à son influence. Le Togo de Faure Gnassingbe en est l’exemple. Arrivé au pouvoir grâce au soutien diplomatique du président Jacques Chirac, un obligé du général Eyadema, le président togolais en prend à son aise et s’éloigne quelque peu de Paris voire en joue un jeu trouble.

Le Togo est par exemple le principal soutien des Etats de l’AES, qui désignent ouvertement la France comme leur ennemie. Le président togolais qui vient de se tailler une constitution monarchique sur mesure joue d’ailleurs allègrement de sa position ambiguë. Il fait ainsi une espèce de chantage à Paris à travers son soutien inavoué à la Russie à l’Onu voire en laissant son ministre des Affaires étrangères débiter un discours panafricaniste et anti-impérialiste abscons. Il peut alors bénéficier allègrement du maintien de la coopération militaire et des appuis financiers importants d’Emmanuel Macron, qui garde un silence sépulcral sur le tripatouillage constitutionnel. Par exemple, le gouvernement français à travers le Trésor public a consenti au Togo, à la veille des législatives 2024, à un concours financier de 78 millions euros pour la construction de 21 ponts. Et la même France continue sa coopération militaire alors que l’Union Européenne vient de retirer son appui au Togo dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Vers la fin de la Françafrique?

Il en est de même du Congo de Dénis Sassou Nguesso, qui n’effectue pas d’ailleurs le déplacement de Toulon. Au pouvoir depuis 1979 et évincé par un processus démocratique dans les années 1990, le président Sassou Nguesso n’a dû son retour en 1997 que grâce au soutien de Paris et Elf, sa machine de corruption massive. Cet emblème honni de la Françafrique en Afrique centrale est aujourd’hui has been, après des poursuites judiciaires engagées par les tribunaux français pour des biens mal acquis.

Quant au Sénégal, malgré deux visites du nouveau président Bassirou  Diomaye Faye, et le pragmatisme dont usent les nouvelles autorités envers l’Elysée, les deux capitales sont plutôt à “Je t’aime, moi non plus”.

Le contexte géopolitique a modifié les rapports entre la France et ses ex-colonies. Avec l’ambition affichée par certains Africains d’aller vers la Russie ou les BRICS, Paris déplace le curseur politique et commercial vers les pays anglophones et lusophones. Le Ghana, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Angola sont devenus les principaux partenaires de la France et de l’Europe, alors que la Chine domine outrageusement le commerce avec l’Afrique.

Affaibli politiquement sur le plan intérieur par deux défaites électorales successives, alors que l’économie française durement confrontée par la guerre en Ukraine et la conjoncture mondiale bat de l’aile depuis des années, c’est un Emmanuel Macron en plein doute qui accueille les dirigeants africains. Des dirigeants auxquels il ne peut désormais plus faire aucun diktat.

Si l’influence culturelle de la France en Afrique a encore de beaux jours devant elle, on peut raisonnablement douter de sa domination politique. Même le franc CFA, cet instrument économique géré par le Trésor public français est en péril, sous les coups de boutoir de discours de leaders d’opinion et d’économistes qui y voient un instrument de domination et d’exploitation néocolonialiste.

Tony FEDA

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