France : Macron inspiré par les chefs d’État africains ?
Plus de cinquante jours après les élections législatives, la France n’a toujours pas son gouvernement. Le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire. Depuis une semaine, le président Emmanuel Macron échange avec les responsables des différentes formations politiques. Un second round a démarré cette semaine et un nouvel échec se profile à l’horizon.
Selon les résultats des législatives, le Nouveau Front populaire (NFP), regroupement des partis de gauche arrive en tête avec une majorité relative de 190 députés. Le NFP revendique logiquement Matignon et a même proposé une candidature en la personne de Lucie Castets, une énarque engagée dans la réforme des services publiques.
Cette proposition est rejetée par Emmanuel Macron qui évoque le fait qu’un gouvernement du NFP serait censurée par l’assemblée nationale. Une équipe NFP «serait immédiatement censurée par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale», soutient le chef de l’État.
Une décision que dénonce l’ancien président François Hollande. Dans une interview, le prédécesseur de Macron déclare que ce dernier a commis «une faute institutionnelle » en écartant la possibilité d’un gouvernement dirigé par Lucie Castets.
Pour M. Hollande, ce «n’était pas au président de la République» de censurer Lucie Castets. «Cette responsabilité revient à l’Assemblée nationale après que les députés ont pu écouter la déclaration de politique générale et la composition du gouvernement et exprimer leur choix. C’est une faute institutionnelle», souligne-t-il.
Dans l’opinion française, on accuse Emmanuel Macron d’avoir plongé le pays dans le chaos en prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale après la victoire du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen aux élections européennes.
Macron l’autocrate
Ce qui se passe en France fait rire plus d’un sur le continent africain. Un continent sur lequel les populations sont habituées aux violations flagrante de la constitution par les présidents de la république.
En dissolvant l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a posé un acte constitutionnellement reconnu au président de la république. Mais dans une démocratie comme la France, cela a eu un échos défavorable dans la société. Un président qui dissout l’Assemblée nationale, cela arrive très rarement en France. Sous la 5ème république, il sont quatre à l’avoir fait.
En 1962 et 1968, Charles de Gaulle a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale. Il sort gagnant des législatives organisées après ces dissolutions. François Mitterrand a, lui aussi, dissout l’Assemblée nationale. Premièrement au lendemain de son investiture en 1981 et sept ans plus tard après sa réélection en 1988. Comme pour de Gaulle, le camp de François Mitterrand arrive en tête lors des élections qui ont suivi les dissolutions.
Emmanuel Macron a eu la même désillusion que Jacques Chirac. En avril 1997, ce dernier dissout l’Assemblée nationale et perd les élections qui ont suivi. C’est le même scénario que vit Macron, à la seule différence que, cette fois-ci, la gauche n’a pas obtenue la majorité absolue, mais relative, le plaçant quand même en tête.
Contrairement à Chirac, Macron se révèle autocrate et refuse, sans le dire, de reconnaître ses défaites aux européennes et aux législatives, ainsi que le rejet de sa politique par les Français. Cette attitude est semblable à ce qui s’observe en Afrique où le vote des citoyens n’a aucune valeur et où les aspirations populaires sont ignorées. Avec l’« autocratie » de Macron, on se croirait dans un pays de l’Afrique de l’Ouest. Macron tire la France vers les abîmes.
Jean-Baptiste Edina