Politique

Justice et réconciliation, le meilleur hommage à Mgr Barrigah

Il est rare au Togo qu’un défunt soit unanimement regretté, aussi bien par l’ensemble de la classe politique que les acteurs de la classe politique. De Faure Gnassingbé à Jean-Pierre Fabre en passant par les universitaires, les acteurs de la société civile et la presse, toutes les voix ont salué la mémoire de l’illustre disparu.

Dans un entretien avec une délégation de la Conférence des évêques du Togo (CET) conduite par Monseigneur Benoît Alowonou, son président, Faure Gnassingbé rend hommage à feu Monseigneur Barrigah en ces termes : « Mgr Barrigah-Benissan a été une figure éminente de notre pays, dévoué à la cause de la paix, de la réconciliation et de la justice sociale ».

En marge d’une rencontre avec la presse dans les locaux de la commune du Golfe 4 qu’il préside, Jean-Pierre Fabre dit : « Son décès nous beaucoup peiné. Parce que c’est une personne intelligente, humble… Quand vous discutez avec lui, vous vous dites que le Togo tient son cardinal…»

Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson dit de lui qu’il a œuvré pour la résolution de la crise.

Ce mardi, une délégation du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), a été reçue au siège de la CET par Mgr Isaac-Jogues Gaglo, Evêque d’Aného, Administrateur Apostolique de Lomé. La délégation est conduite par Mme Awa Nana-Daboya, présidente du HCRRUN qui a présenté ses con doléances et exprimé sa compassion face au drame.

La délégation a dit tout le bien qu’il pense de Mgr Barrigah, soulignant même son implication dans le processus de réconciliation et la « grande perte » que représente sa disparition.

En vérité, rare sont les personnalités togolaises dont la probité et l’humilité a suscité autant d’adhésion. Monseigneur Barrigah était vraiment une icône. Mais tous ces hommages, toutes ces belles paroles et gestes manifestés suite à son décès ne suffisent pas pour lui rendre hommage. Il faut aller au-delà des mots et poser des actes.

Si le défunt est si populaire, ce n’est pas parce qu’il est catholique ou prêtre. C’est parce qu’à un moment donné de la vie du pays, il a joué un rôle important. Entre 2009 et 2012, Mgr Barrigah a présidé la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Trois années passées à sillonner le Togo pour enclencher le processus de justice et de réconciliation.

A-t-on profité des travaux de la CVJR ? Pas du Tout. Au contraire, pour ne pas donner l’impression que la réconciliation et la justice ne sont pas les buts recherchés, mais plutôt un semblant de paix, on a vite fait de se lancer dans les réparations économiques.

Depuis, on ne peut pas parler de vérité, encore moins de justice puisque les auteurs des violences politiques ne sont pas publiquement identifiés ni inquiétés. Il n’y a pas eu non plus d’actes allant dans le sens de la réconciliation. Chaque jour, les divisions s’accentue. Le Togo n’a jamais été aussi divisé.

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à Mgr Barrigah, c’est de rendre véritablement justice aux victimes, faire jaillir la vérité, apaiser les cœurs pour que naissent les bases de la réconciliation. Dans l’au-delà, Monseigneur Barrigah en serait ravi. Il mérite mieux que de vaines paroles. 

Jean-Baptiste Edina

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