Economie

La question électorale dans les zones touchées par le terrorisme

La question électorale dans les zones touchées par le terrorisme

Le Togo fait désormais partie des pays où sévit le terrorisme. Régulièrement, des incidents sont signalés dans les différentes localités de la préfecture de Kpendjal. Ces incidents qui occasionnent souvent des pertes en vies humaines et des blessés ainsi que des dégâts matériels n’épargnent ni civils ni militaires. Les terroristes frappent de façon aveugle. Dans leurs descentes, les terroristes s’en prennent à tout ce qui bouge, histoire de faire un maximum de dégâts. Dans quelles conditions les opérations électorales vont-elles pouvoir se tenir dans les localités touchées par le terrorisme ?

Le chaos

 « Les attaques terroristes ne faiblissent pas dans les localités frontalières du Togo avec le Burkina Faso malgré les multiples efforts des autorités Togolaises sur plusieurs plans… À mesure que le temps passe, l’on a l’impression que la situation n’évolue pas dans la zone de Kpendjal… Les terroristes multiplient plusieurs modes opératoires et arrivent toujours à signaler leur présence par des dégâts qu’ils laissent après eux… ». Tel est le récit de nos confrères de la Radio télévision Motaog, un média qui émet depuis les Savanes.

Suite à la sortie médiatique, le 14 janvier 2023, du ministre de la sécurité et de la protection civile, Gal Yark Damehame, nos confrères disent avoir mené des investigations. Ils révèlent que dans les localités frontalières au Burkina Faso « certains chefs de villages et même responsables religieux servent de pont de recrutements des jeunes togolais pour les terroristes contre des commissions ». Outre les chefs de village et responsables religieux, certains chefs de famille, selon nos confrères, « hébergent l’ennemi qui vient la plupart du temps en inspection de terrain ».

Le général-ministre a même accusé lors d’une de ces sorties certains vendeurs de carburant d’être fournisseurs des terroristes. Une révélation pas du tout cohérente de la part du ministre, car on ne sait s’il est évident de reconnaître les terroristes. En plus, si les vendeurs sont susceptibles de connaître les Groupes armés violents, pourquoi l’armée ne peut-elle pas les utiliser comme source d’information ? La pauvreté et  le désœuvrement dressent le lit du terrorisme.

Dans ce jeu de collaboration avec l’ennemi, « plus loin il y en a qui refusent de signaler la présence des éléments suspects et vont jusqu’à leur fournir la position des forces [armées] togolaises contre des récompenses », révèle radio Motaog. « Selon toujours nos investigations certains, surtout des jeunes commerçants et conducteurs de véhicules achètent des motos, des vivres à Dapaong et du carburant qu’ils livrent à l’ennemi dans le Burkina Faso contre de grosses sommes », écrit le confrère. Des informations graves et irresponsables tout de même de la part de cette radio que nous sommes dans l’incapacité de prouver, mais qui risquent de déclencher des représailles de la part des forces de l’ordre.

Dans un environnement marqué par le désamour légendaire qui existe entre les forces armées togolaises (FAT) et les populations, victimes de la barbarie de son armée, il est évident, malheureusement, que la situation n’est pas rassurante.

La question électorale

La situation n’est pas rose et cela ne peut que susciter des interrogations. L’une d’entre elles concerne l’organisation prochaine des élections régionales et législatives dans les zones touchées par le terrorisme et désertées par les populations. Et pour cause, l’année 2023 est une année électorale. Faure Gnassingbé l’a rappelé dans son discours de nouvel an. « L’année 2023 sera également une année électorale », dit-il, soulignant que les préparatifs par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les autres institutions impliquées sont en cours, et que « les conditions sont ainsi réunies pour des élections apaisées ».

Dans le même discours, le président de la République disait que le Togo n’allait céder aucune portion de son territoire aux bandes armées, promettant tout mettre en œuvre pour défendre la patrie agressée. Détermination, oui, mais on est curieux de savoir comment des élections vont pouvoir se tenir dans des localités en proie à des actes terroristes. Certes, la zone de Kpendjal n’est pas complètement prise par les terroristes. Disons, pour être plus optimistes, qu’aucune portion du pays n’est aux mains des terroristes. Mais il y a lieu de se demander si les incursions presque quotidiennes, peuvent permettre de mener des opérations électorales en toute quiétude. Un processus électoral, c’est plusieurs opérations qui nécessitent la présence d’agents sur le terrain. Les électeurs doivent aussi se mobiliser pour y participer. Le gouvernement va-t-il mobiliser plus d’hommes qu’il y en a actuellement sur le terrain dans l’opération Koundjouare ? C’est une option. L’autre, c’est de déplacer les centres de recensement et de vote vers des localités plus sécurisées. Faire le choix de cette dernière option aiderait à épargner les populations d’actes terroristes. Parallèlement, le gouvernement aura ainsi abdiqué devant la furie terroriste.

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