92 Togolais, tous des sympathisants de partis politiques, croupissent sans jugement dans les cachots de Faure Gnassingbe depuis 2017. Le Collectif «Touche Pas A Ma Constitution» vient de lancer une campagne pour leur libération sans condition lors d’un point de presse le 12 août dernier au siège du Parti des Togo.
Ils sont près d’une centaine, pour la plupart des militants et sympathisants du Parti national panafricain (PNP), fer de lance des méga-manifestations contre le régime entre 2016 et 2018.
Ces personnes « croupissent dans des conditions inhumaines, séparés brutalement de leurs familles, confrontés à une promiscuité humiliante et livrés à la maladie », indique le collectif. « Certains sont dans cette souffrance depuis 2018, un véritable calvaire qu’on leur impose et qu’ils ne méritent pas », précisent les initiateurs de la campagne.
Le collectif entend engager des actions citoyennes pour la libération de ces détenus qui « ont dominé leurs peurs » et ont « affronté la dictature pour nous tous, dans une manifestation pacifique ».
Les raisons d’une telle mobilisation
Il s’agit d’abord de question de droits de l’homme, de violation des droits inaliénables des citoyens en raison de leurs engagements politiques pacifiques.
«Beaucoup seraient tentés de voir dans cette affaire qu’une question de chiffre. Mais derrière les 92 détenus, il y a 92 vies brisées, des pères de famille qui n’ont pas assisté à la naissance de leurs enfants, ni apporté les soutiens nécessaires à leur éducation, à la maladie, ni assisté à l’enterrement de leurs proches», souligne Gnim Atakpama.
Ensuite, «il y a urgence sanitaire : certains prisonniers, détenus depuis 2018, voient leur santé se dégrader de manière alarmante ». Certains parmi eux risquent la mort en détention, et il urge de les libérer pour aller se soigner dans des conditions plus décentes. Les conditions carcérales au Togo sont inhumaines et constituent les premières causes de maladie des détenus.
Enfin, il s’agit d’une question hautement politique et morale. « Ces 92 Togolais ont sacrifié leur liberté pour la nôtre. Nous avons donc une dette envers eux », indique le communiqué.
A l’aube d’une grande campagne qui s’annonce des plus difficiles pour faire barrage à la constitution monarchique de la 5ème république, les oppositions togolaises ont besoin d’une forte mobilisation des populations. L’opinion ne comprendrait pas l’abandon des prisonniers politiques à leur sort.
« Le moment est donc venu de nous demander si nous avons tout fait pour nos compagnons de lutte qui sont pris dans les tentacules du pouvoir », conclut Gnim Atakpama.
Après 19 ans de pouvoir, le chef de l’Etat Faure Gnassingbe a procédé à l’adoption d’une nouvelle constitution par le parlement. Cette nouvelle constitution portant régime parlementaire lui permet de régner ad vitam aeternam au pouvoir.