Les « Gerrymiades » de Taama
Gerry Taama a visiblement raté sa réinsertion dans la vie professionnelle. Quelques mois après son retrait de la politique, l’ancien sous-officier des FAT tente de reprendre la tête de son parti, y semant la zizanie. Un retour conforme à la vie de girouette qu’il a mené sur la scène politique togolaise.
Embrouillamini dans le NET
« Depuis la démission de notre ancien Président, Monsieur Gerry K. TAAMA et qui a été suivi de son retrait de la vie politique, celui-ci n’a conservé que la qualité de simple militant du NET », écrit Jules Amim, président intérimaire du NET, dans un communiqué en date du 07 août 2024.
Dans le même communiqué abondamment relayé sur les réseaux sociaux, le nouveau chef du NET s’étonne de voir l’ancien président signer une note interne en s’attribuant « abusivement » le titre de président national. Un « mépris des textes » qui conduit à l’exclusion « à titre conservatoire », de Gerry Taama.
Tout est parti de la suspension, début juin, du Secrétaire général du parti par le président par intérim. En réaction à cette décision, Gerry Taama quitte le monde des affaires pour se retrouver dans la peau du président national du parti afin de procéder à la suspension du président intérimaire et du chargé de communication du parti.
Le brouillard s’épaissit lorsqu’au lendemain de sa sortie, l’ancien président du NET écope d’une exclusion à titre conservatoire. Dans les débats suscités par cette cacophonie, nombreux sont ceux qui se demandent qui dirige finalement le parti.
Un retour qui fait polémique
Les faits sont têtus. Au lendemain des élections législatives d’avril 2024, celui qui était alors président du NET a tenu un discours sans appel. Il fait par de sa déception de voir le Togo s’enfoncer dans la crise politique et annonce sa décision, après une dizaine d’années d’activités politiques, de se retirer.
Il dit vouloir désormais se consacrer à son business de vente d’équipements de sécurité, de tourisme… Gerry Taama soutient d’ailleurs, et c’est dangereux et malsain de sa part, qu’il ne valait plus la peine de faire de la politique au Togo. Conseils adressés expressément à la jeunesse togolaise. L’ancien militaire se retire de la politique et conseille aux Togolais de faire autant.
C’est évidemment une surprise de le voir tenter un retour en politique. Mais il s’y prend mal. Il aurait pu attendre le congrès, et manœuvrer pour reprendre la tête du parti. Cela aurait été moins détestable que le coup de force qu’il a engagé et dont la conséquence ne sera que l’effondrement de son parti. Il devrait avoir la décence de respecter sa parole.
Gerry la girouette
En fait, ce qui se passe aujourd’hui dans le parti de Gerry Taama ne devrait étonner personne. Gerry Taama fait partie de ces aventuriers politiques qui pullulent au Togo. Opposants « recto-verso », comme on les surnomme, ils ne se positionnent jamais longtemps dans un camp comme dans l’autre.
A ses débuts en politique, Taama était dans les rangs de l’opposition. Une manière pour lui de vite se faire connaître de l’opinion. Il prenait souvent la parole pour dénoncer le régime. Dès qu’il atteint un niveau de popularité acceptable, il opère un revirement et s’éloigne de l’opposition traditionnelle. Il se réclame désormais centriste et contribue par ses prises de position à affaiblir l’opposition. C’est ainsi qui prend part aux législatives de 2018 boycottées par l’ensemble de l’opposition.
On lui reconnaît toutefois son opposition à la nouvelle constitution, avant son appel au découragement populaire à travers lequel il annonce son retrait de la politique.