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Togo/Politique : A quand une sortie de crise ?

Le Togo vit une période politique délicate avec une Assemblée nationale où l’Union pour la République (UNIR), le parti présidentiel, s’est taillé la part du lion, mais où les voix de l’opposition tentent de se faire entendre. A l’issue des élections législatives d’avril 2024, trois partis politiques de l’opposition (ADDI, ANC, FDR) et la DMP ont été crédités de sièges. Mais tous ne siègent pas. Certains dirigeants de l’opposition ont explicitement refusé de siéger, évoquant les conditions d’organisation des élections et des résultats qui ne reflètent pas le vote issu des urnes.

UNIR, seul maître à bord

Le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR) a obtenu 108 sièges sur les 113 que compte l’assemblée nationale. Une position qui lui permet de maintenir son influence sur les décisions politiques du pays. Cependant, l’absence d’un véritable consensus national sur les résultats constitue une arête dans la gorge du régime. Bien que le gouvernement de Faure Gnassingbé ait affirmé que ces élections étaient libres et transparentes, la grande majorité des partis d’opposition, et d’ailleurs l’opinion, y voient une mascarade, marquée par des irrégularités et un manque d’équité.

L’opposition déterminée malgré les divergences

Parmi les membres de l’opposition élus, certains ont accepté d’occuper leurs sièges de députés, comme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, élue sous la bannière de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), ainsi qu’Aimé Tchaboré Gogué et Kossivi Wonyra du parti Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI).

Leur présence à l’Assemblée, affirme-t-on, vise à offrir une alternative au pouvoir en place et à exprimer les préoccupations de la population.

Cependant, d’autres figures emblématiques de l’opposition ont décidé de boycotter la législature. Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et Me Paul Dodji Apévon des Forces démocratiques pour la République (FDR) ont publiquement refusé de siéger, dénonçant ainsi ce qu’ils considèrent comme un climat de non-démocratie et un système électoral qui ne reflète pas la volonté du peuple.

Pour Me Paul Dodji Apévon, l’invitation à siéger à l’Assemblée nationale n’a pas de sens tant que les conditions démocratiques du processus électoral ne sont pas remises en question. Le leader des FDR estime qu’un dialogue national est nécessaire pour régler les désaccords politiques et garantir que les futures élections soient organisées de manière plus transparente et équitable.

De son côté, Jean-Pierre Fabre a dénoncé le fait que les élections se sont déroulées dans un contexte de répression, avec des partis de l’opposition interdits de campagne dans de nombreuses localités et des pressions sur les électeurs pour les contraindre à voter pour le parti au pouvoir.Avec l’absence de ces ténors de l’opposition à l’assemblée nationale, la classe politique togolaise affiche clairement sa profonde division. D’un côté, l’UNIR qui poursuit son agenda législatif avec sa majorité absolue, tandis que de l’autre, l’opposition réclame un changement de cap.

Vers une sortie de crise ?

La question de la réconciliation et du dialogue reste d’actualité. Les partis d’opposition, bien que divisés sur la manière de réagir à la situation, insistent sur la nécessité d’un cadre plus démocratique. Plusieurs acteurs de la société civile ont également exprimé des préoccupations concernant la montée des tensions et le risque de polarisation de la politique togolaise.

Au même moment, le régime semble peu enclin à ouvrir la porte à des discussions sur une révision du système électoral, arguant que l’Assemblée nationale est un reflet fidèle de la volonté populaire.

Ainsi, le Togo se trouve à un carrefour politique. Si la stabilité semble assurée pour le moment grâce à la majorité parlementaire de l’UNIR, la question de la légitimité des institutions reste au cœur du débat.

Dans ce contexte, le dialogue et la réconciliation entre l’opposition et le pouvoir semblent être la clé pour garantir la paix sociale et le progrès démocratique à long terme. Mais une telle réconciliation est-elle encore possible dans un climat de méfiance mutuelle et de fractures profondes ?

Kouwonik

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