Culture

Interview: Le Pr Yaovi Akakpo, lecteur du philosophe Adamah Ekué Adamah

Yaovi Akakpo, doyen de La Faculté des sciences de l’homme et de la société, vient de réaliser un formidable travail éditorial avec la publication à titre posthume de trois ouvrages d’Ekue Adamah, ancien enseignant d’esthétique à l’Université du Bénin au Togo, décédé prématurément en 2005. Penseur de la réalité sociale africaine, cet adepte de l’Ecole de Francfort, créateur de concepts et d’une éloquence proprement hypnotique, éclairait de la profondeur de ses réflexions les thèmes comme l’identité et la domination. A notre époque où par le bruit et la fureur des masses, les questions de souverainisme, d’identité, de lutte anti-impérialiste, et de néo-panafricanisme se réveillent en Afrique, lire Adamah Ekue Adamah aiderait peut-être à mieux s’orienter. Lisez plutôt l’interview.

L’Echiquier : M. Yaovi Akakpo, vous êtes enseignant au département de philosophie de l’Université Lomé. Vous venez de conduire la publication, à titre posthume, de trois essais d’Adamah Ekué Adamah, ancien célèbre enseignant de philosophie de cette même université. Pouvez-vous nous dire qui était Adamah Ekue Adamah ?

Pr Yaovi Akakpo : Adamah Ekué Adamah, parfois, on l’appelait Désiré Ekué Adamah. Les problèmes de nom au Togo à un moment donné ont fait que finalement on l’appelait Adamah Ekué Adamah. Il a fait ses études au Togo juqu’au baccalauréat, débute les études supérieures à l’Université du Bénin avant de partir en France pour les études de Beaux-Arts à l’Université Paris 1-Sorbonne, où il a obtenu ses diplômes de beaux-arts, puis un DEA en archéologie et sa thèse de troisième cycle en esthétique soutenue à Paris 1 en 1980. Et après, il est venu à l’Université où il a été recruté au département philosophie et sciences sociales appliquées. Il a même été chef de ce département, en même temps qu’il enseignait à l’EAMAU (École africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme). C’est ce que je peux dire de l’homme.

Pouvez-vous raconter les circonstances dans lesquelles vous avez voulu faire paraître ces manuscrits d’Adamah Ekué ?

J’aime dire la vérité. Je n’avais pas de projet de fouiner pour trouver des travaux laissés par Adamah aux fins de publication. En 2020, pendant que la Covid-19 battait son plein, un ami de Paris, Noël Honkou m’avait appelé et souhaitait que des anciens étudiants d’Adamah Ekué, dont moi-même, s’organisent pour offrir un hommage au professeur. Donc, ces anciens élèves d’Adamah m’ont demandé de voir comment on peut scientifiquement organiser cet hommage, et je leur ai dit qu’une telle affaire devrait être appuyée en amont par un colloque scientifique. Ils m’ont alors demandé de trouver le contenu scientifique pour l’appel à contribution. C’est donc dans ce cadre que je me suis rappelé qu’au moment où j’étais étudiant, Adamah écrivait des choses. Si on peut trouvait sa thèse et y piocher matière pour l’appel à contribution voire faire une publication de la thèse, on serait bien.

Mais le moment de la pandémie était un moment de paralysie pour les activités intellectuelles… Même à Paris, on n’a pas pu avoir accès à la version numérisée de la thèse, car l’université était fermée.

A Lomé, même recherche vaine. Je suis allé à l’Institut Goethe et il m’a été dit que tout le fond documentaire avait été consumé dans un incendie en 2005 [le Goethe Institut était brûlé par des proches du régime en avril 2005, NDRL]. Je me suis alors rabattu sur la bibliothèque de l’Université de Lomé dont le directeur Patron Henekou a promis son aide et, un matin, il est venu me trouver au laboratoire avec non la thèse mais des tapuscrits- huit documents en tout, des brochures déposées par le professeur à la bibliothèque.

Il s’agit de contributions majeures à la philosophie. Et, étant donné les thèmes développés, les arguments avancés, j’ai considéré que ce sont des contributions majeures sur lesquelles il fallait travailler. Alors, j’ai mis en place un comité ; en la matière c’est ce qu’on fait. J’ai demandé alors à notre ancienne secrétaire de la Faculté, Mme Dopé Atsité, de me saisir l’ensemble des tapuscrits. Puis, comme dans la tradition académique, on a procédé à la lecture de contrôle, c’est-à-dire deux personnes qui sont là, règle en main, et qui, mot à mot, virgule par virgule, lisent ligne par ligne la version originale du tapuscrit et la nouvelle version imprimée pour voir s’il y a conformité. Tout cela a pris beaucoup de temps. Cette lecture a été faite par un de nos jeunes docteurs, M. Edoh Segbe et M. Houton Hondoté, les deux qui m’ont aidé à faire la correction. Puis j’ai soumis l’ensemble des textes saisis à l’expertise textuelle d’un professeur de français à la retraite, M. Hounvi Messangan, à qui j’ai demandé de décoquiller l’ensemble des textes, puis j’ai repris l’ensemble du travail.

Un lui-même introuvable, Editions Harmattan, 180 pages,19,5 Euros

Il y a trois ouvrages. Peut-on comprendre la logique éditoriale qui a conduit à publier ces écrits épars en trois volumes ?

Après, il s’était agi de reprendre les textes pour trouver de la cohérence, procéder à des regroupements sous forme de projets d’ouvrages. Dans un premier temps, j’ai trouvé deux regroupements, mais pour certaines raisons, j’ai fait éclater un regroupement pour en faire deux. Donc au total, j’ai finalement fait trois regroupements. Après, il fallait faire un ordre dans les regroupements opérés. Quand vous trouvez un ouvrage, souvent il y a des parties, des sections, des chapitres, on ne les met pas au hasard. Il faut donc reprendre les lectures. C’est ce travail que j’ai eu à faire. Cela a donné lieu à ses trois ouvrages : Le sens de la praxis artistique chez Paul Ahyi, qui regroupe des textes sur Paul Ahyi ; un second regroupement, c’est L’art africain à la recherche d’une nouvelle esthétique – Peinture, sculpture, littérature, architecture, musique ; et le dernier, le titre que tout le monde aime, c’est Un lui-même introuvable. C’est ainsi avec beaucoup de peine mais aussi avec beaucoup de joie que ce travail a été fait, et je suis heureux que ce travail aboutisse à ces trois ouvrages. Ce qui nous permet de verser ces manuscrits, tapuscrits, qui étaient cachés dans la poussière, cachés dans les tiroirs, dont personne ne savait même pas l’existence, même la famille du professeur ne savait pas l’existence, de les verser donc dans l’univers dans lesquels ils devaient se trouver.

Pouvez-vous résumer en gros en quoi consistait la discipline particulière qu’il enseignait. Et éventuellement en quoi il s’y distinguait ?

Adamah a été un professeur d’esthétique, passé par l’UFR des Beaux-Arts à Paris. Et l’aboutissement de cette formation, c’est la réflexion sur l’art. Il a été artiste mais aussi critique de l’art, philosophe de l’art. Et les recherches qu’il a laissées s’inscrivent en esthétique, même la question d’identité qu’il a abordée dans Un lui-même introuvable a préparé les bases de sa théorie esthétique.

Quand j’ai proposé l’ouvrage à l’éditeur à Paris, il a placé les deux premiers dans la sous-collection esthétique, et l’autre dans la collection bibliothèque. Mais Adamah ne sépare pas la question de l’identité, de l’africanité, de la question de l’art. Il nourrit la question de l’art de la question d’identité. Cela est assez important dans sa pensée.

La philosophie est la mise en lumière opérée à partir des concepts. C’est la réalité qui est éclairée sur tous les plans, y compris la réalité sociale, mais c’est les concepts qui éclairent la réalité. Lorsque vous avez la réalité et que vous ne l’appréhendez pas à partir des concepts, ou vous ne mettez pas la réalité en concept, vous naviguez à vue. C’est aussi tout cela que nous avons dans nos pays où le développement n’est pas nourri de concept, n’a pas d’orientation ; on suit le vent, c’est le résultat de notre situation de sous-développement

Professeur Yaovi Akakpo

 

Ekué Adamah semble avoir exercé une profonde influence sur ses étudiants. Selon l’un d’entre eux, c’était un authentique créateur de concepts, d’une éloquence proprement hypnotique. Êtes-vous du même avis ?

Oui, c’est une réalité. Adamah a de quoi accroché. J’ai été son étudiant, beaucoup d’autres aussi ; il a un langage qui accroche. C’est le langage de l’artiste parce qu’il fait le jeu des concepts ; un jeu qui parfois peut apparaître comme ludique voire quelque chose de pas sérieux ; mais, derrière le jeu des concepts, se trouvent les idées. Voyez-vous, la philosophie est cette science-là qui est toujours à considérer comme la mise en lumière opérée à partir des concepts. C’est la réalité qui est éclairée sur tous les plans, y compris la réalité sociale, mais c’est les concepts qui éclairent la réalité. Lorsque vous avez la réalité et que vous ne l’appréhendez pas à partir des concepts, ou vous ne mettez pas la réalité en concept, vous naviguez à vue. C’est aussi tout cela que nous avons dans nos pays où le développement n’est pas nourri de concept, n’a pas d’orientation ; on suit le vent, c’est le résultat de notre situation de sous-développement. La mise en concept de la réalité est fondamentale pour celui qui veut savoir où il doit aller. Quand ce que nous faisons n’est pas éclairé par ce que nous pensons, ne se laisse pas éclairer par le devoir de penser, on ne va nulle part : on tourne en rond.

“Se poser en s’opposant, c’est s’exposer sans s’imposer”. Cette formule serait selon, Sokey Edorh, un de ses anciens élèves, une des plus fameuses d’Adamah. Que voulait-il entendre par là ?

La formule n’est pas d’Adamah mais de Theodor Adorno, l’un des fondateurs de l’Ecole de Francfort, qui est une école de référence d’Adamah lui-même. Je suis moi-même philosophe des sciences, ça fait longtemps que je n’ai pas pratiqué l’esthétique, mais il me semble que c’est le philosophe allemand Th. Adorno. C’est pour dire qu’en matière de critique, il faut savoir quoi faire, c’est-à-dire la critique n’est pas la chose que j’embrasse tout juste parce que je veux critiquer ; c’est que je suis dans la réalité, et que parce que je réfléchis, je pense qu’il y a des choses qui ne doivent pas être ainsi. C’est pour cela que si l’occasion de la critique ne se présente pas, vous vous exposez. C’est une faiblesse, si, sans mesurer vos forces, vous vous levez gaillardement pour affronter un train de 1000 tonnes. Vous pourriez même vous faire très mal… Donc se poser en s’opposant, c’est s’exposer sans s’imposer ; c’est se livrer. La critique est toujours une attitude d’homme intelligent, de femme intelligente ; la critique n’est pas aveugle puisque c’est le jeu même de la pensée, c’est le jeu du jugement, c’est le jeu de la réflexion. Elle ne peut pas être aveugle, elle doit délibérer, permettre au sujet qui opère la critique de délibérer, de mesurer les choses, de voir tous les contours des choses, et de montrer les failles de la chose. C’est l’une des formules que M. Adamah aimait et qu’appréciaient tous ses étudiants.

Ce qu’il reproche à la négritude, c’est qu’il considère que l’africanité est une idéologie et non une réalité. Cela ne signifie pas strictement qu’on ne peut pas dire africain. Il est vrai que lui-même parfois se pose la question de savoir qu’est-ce qu’un Africain, qu’est-ce qu’un Togolais, qu’est-ce qu’être Guin…

Pr Yaovi Akakpo

En somme, dans le sillage de Stanislas Adotevi Spéro, la pensée d’Ekue Adamah faisait une critique des conceptions « africanistes » de son époque. Comment la positionneriez-vous par rapport aux actuels discours néo-panafricanistes?

Il y a beaucoup choses dans votre question. Adamah est un auteur très critique. Il fait la critique de l’art, mais en même temps c’est un auteur qui tout le temps s’oppose à d’autres auteurs systématiquement. Il s’approche d’autres auteurs comme Stanislas Adotevi qui a opéré une critique extraordinaire contre la négritude dans Négritude et négrologues, et il s’en réfère d’ailleurs dans certains chapitres de Un lui-même introuvable. La question d’Adamah par rapport à ça, c’est toujours la question de l’africanité. Clarifions sa position : quand j’étais étudiant, Adamah était, à mon avis, incompris par rapport à cette question par ses collègues lors des conférences, des colloques, etc… Dans le champ du débat, lorsqu’un auteur argumente pour se défendre, il arrive qu’il se contredise (en apparence), et c’est ainsi qu’on a l’impression qu’Adamah avance parfois que c’est même très grave de parler de l’africanité. Ce qu’il reproche à la négritude, c’est qu’il considère que l’africanité est une idéologie et non une réalité. Cela ne signifie pas strictement qu’on ne peut pas dire africain. Il est vrai que lui-même parfois se pose la question de savoir qu’est-ce qu’un Africain, qu’est-ce qu’un Togolais, qu’est-ce qu’être Guin… Quand il questionne ainsi, parfois on a l’impression qu’il dit que tout cela n’existe pas.

 Or, ce qu’il dit c’est que l’africanité est une idéologie, c’est quelque chose qui a été créé et qui a une origine non africaine. Et en tant qu’idéologie, on l’a accroché à l’Africain pour justifier ce qu’on croit qu’il est face à ceux qui voudraient se justifier leur propre position de dominant par rapport à la position qu’on prête à l’Afrique. Ce qu’il dit, l’africanité, en tout cas si l’on doit dire africain, c’est toujours quelque chose qui est une histoire. Et c’est aussi cela qui apparait dans sa réflexion sur l’art.

Il s’interroge sur l’art africain : Qu’est-ce que l’art africain, l’art proprement africain, l’art typiquement africain ? Effectivement, quand on dit cela, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’artistes en Afrique, qu’il n’y a pas d’œuvres dans l’histoire de l’Afrique, il le reconnait. Mais il dit que si on ne fait pas attention, ce que d’autres considèrent que l’africain est, nous allons prendre ça et nous enchaîner avec. C’est un peu cela sa préoccupation.

Et comment se positionnerait-il par rapport aux actuels discours anti-impérialiste ?

Au cœur de l’œuvre d’Adamah se trouve la critique de la domination. C’est cela qui habite fondamentalement l’œuvre d’Adamah. La liberté comme quelque chose à célébrer. La célébration de la liberté suppose qu’on s’oppose à la domination. Ici, il fait une critique implacable de la domination et de toutes les idéologies qui militent habilement à entretenir la domination de l’Africain, de notre histoire. Et en ce moment-là, Adamah essaie de montrer que parfois si on ne sait pas faire, les idéologies qu’on nous passe, ce sont là les idéologies qui nous embrigadent. Il n’a pas théorisé véritablement sur le panafricanisme parce que la philosophie qui se développait au moment où Adamah écrivait, comme par exemple Hountondji, Marcien Towa, tous ces auteurs avaient un regard très positif vis-à-vis du philosophe et homme d’Etat ghanéen Kwame Nkrumah, qui mettait surtout en perspective avec la pratique d’homme politique la théorie du panafricanisme. Mais Adamah n’a pas de positionnement clair par rapport à ça, en tout cas trouvé dans les livres que j’ai lus.

Un de ses anciens amis, l’Ivoirien Yacouba Konaté disait d’Adamah Ekué que c’est grâce à lui qu’il est devenu un critique d’art. Il racontait qu’un jour, alors qu’ils étudiaient tous les deux en France, Ekué l’invita dans sa chambre et lui dit : « Yacouba, tu vois mes mains, je suis artiste, mais je ne peux à la fois exercer mon art et en être le médiateur. Or toi, tu es excellent en philosophie, je pense que tu dois faire le travail de critique sur les arts africains ». Pourrez-vous nous en dire plus sur son talent d’artiste et son travail sur l’art contemporain africain ?

Yacouba Konaté est un grand philosophe de l’art qui a fait un travail sur le reggae africain centré sur Alpha Blondy. Je comprends parfaitement son témoignage et pourquoi il le dit en tant que philosophe de l’art. En la matière, il y a deux choses : lorsqu’on a le parcours d’artiste, c’est toujours délicat qu’on soit soi-même artiste et qu’on se mette à penser l’art. C’est assez délicat. Mais le travail d’artiste tout comme le travail de scientifique peut vous permettre de déboucher sur la réflexion sur l’art ou sur la science. Il y a beaucoup de physiciens qui sont devenus philosophes de la science, et un artiste aussi peut devenir philosophe de l’art. Et c’est ce qu’Adamah a essayé de faire. Mais je pense que cela s’est imposé à lui à partir de la carrière qu’il a embrassée. Quand il était revenu au Togo après ses diplômes, s’il ne devait pas enseigner à l’université mais ouvrir son atelier d’art comme Paul Ahy l’a fait et ne faire que cela, je crois qu’il devait être absorbé par le travail d’artiste. Mais à son retour, il a été recruté à l’Université du Bénin, comme professeur d’esthétique, et c’est là qu’il a montré tout son talent car, quand j’ai lu son CV, je n’ai pas vu un parcours d’étudiant en philosophie, il a été plutôt un étudiant à l’UFR des Beaux-Arts. Mais à partir de la thèse qui a porté sur L’insaisissable africanité et les métamorphoses de l’art africain, le travail d’artiste a laissé la place au travail de philosophe. C’est ce que j’ai vu à travers son œuvre.

La question est de savoir pourquoi devrait-on être en tout temps et en tous lieux au service de ceux qui dominent ? (…)Etre au service de la technique, c’est servir les intérêts de ceux qui ont la puissance économique et financière, et la puissance politique, ce que nous appelons la puissance souveraine.

Pr Yaovi Akakpo

Maintenant pour vous poser une question taquine… Vous n’avez pas de téléphone Androïd et il a été assez difficile d’entrer en communication avec vous. Même le centenaire Edgar Morin a un téléphone androïd. Seriez-vous anti-technologie de l’information ?

Au contraire. Je suis philosophe des sciences, je réfléchis beaucoup sur la science et la technique, mon ouvrage de 2019 est intitulé par exemple, « Le technocolonialisme- Agir sous une tension essentielle » [Harmattan, 2019, NDLR] donc, je ne peux pas être hostile à la technique. On ne peut d’ailleurs pas être hostile à la technique ; c’est un monstre très puissant. On ne peut pas l’affronter avec la poitrine pour dire moi, je m’oppose à toi technique. Ce n’est pas intelligent, sage de le faire. Ce qu’il y a c’est que je suis un homme libre, j’aime la liberté. Mon rapport avec ce qui est technique, c’est que j’ai toujours vu que la technique peut m’arranger si ça m’aide. Je suis hostile à me mettre au service de la technique, mais à mettre la technique à mon service. Si j’ai besoin d’Android, systématiquement, je vais aller acheter mais quand je n’en ai besoin…

La question est de savoir pourquoi devrait-on être en tout temps et en tous lieux au service de ceux qui dominent ? Je ne suis pas un homme d’affaires… Si c’est pour me dire que demain il faut enseigner, etc., vous pouvez patienter pour me le dire. Le fait de me le dire à 19heures ou à 20 heures, ça ne change rien à ce que je l’apprenne le lendemain. Nous devrons donc faire attention à mettre la technique à notre service et non à être à son service. Etre au service de la technique, c’est servir les intérêts de ceux qui ont la puissance économique et financière, et la puissance politique, ce que nous appelons la puissance souveraine. Voyez-vous, aujourd’hui, ce qu’il faut noter c’est que l’individu semble ne plus avoir de vie et les gens s’y plaisent. Moi, je veux vivre ; je veux avoir une vie comme un gars totalement libre.

Interview réalisée par Tony FEDA

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