L’enregistrement électoral prendra fin ce lundi 8 mai dans la zone 1 après une prolongation de deux jours ordonnée par la CENI ; tout semble revenir dans l’ordre après le désordre qui a caractérisé les cinq premiers jours.
Peut-être serait-ce à cause de la fréquentation des lieux de culte ce dimanche matin, l’affluence dans les centres de vote jusqu’à midi n’était pas aussi forte que les derniers jours. Les opérations d’enregistrement ont aussi plus rapides.
« J’ai quitté la maison à 9 heures et je suis rentré un peu avant 11 heures», a confié un réquérant enrôlé ce dimanche. «Je suis passé entre deux messes pour catholiques, et quand je suis sorti du bureau d’enregistrement, j’ai constaté qu’il y avait moins de monde qu’ à mon arrivée », déclare la même personne enregistrée à l’Ecole primaire publique d’Aflao-Gakli.
Alors qu’elles avaient débuté dans la zone 1 le 29 avril dernier, les opérations de recensement ont connu des couacs dans le Grand-Lomé. Lenteur, panne de certaines machines, pénuries d’encre et/ou de fiche d’identification des requérants, suscitant des humeurs chez les populations et de vives réactions dans les rangs des partis politiques de l’opposition, ont caractérisé les cinq à six premiers jours, alors que les centres d’enrôlement connaissent de fortes affluences. Un parti d’opposition, l’ANC, a d’ailleurs lancé un appel aux autres partis pour dénoncer la gestion de cette première partie de l’enregistrement. Pour ce parti, les manquements constatés lors des opérations risqueraient d’impacter le vote lors des législatives et régionales 2023.
Les partis politiques ont de quoi s’inquiéter ; la zone 1, la Zone 1, regroupant les communes des Lacs, du Bas-Mono, de Vo, de Zio, de Yoto, d’Avé, d’Agoè-Nyivé et du Golfe, constituent non seulement l’un des bastions de l’opposition, mais le bassin démographique avec plus tiers de l’électorat.
Le président de la la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a accusé les opérateurs de saisie (OPS) d’être responsables du désordre.
Cependant, le vendredi 5 mai, la CENI a tenu à calmer la situation par une prolongation de deux jours la durée des opérations dans la zone 1.
Manque d’anticipation
En réalité, l’administration électorale a été prise de court par les événements et n’a pas su anticiper l’immense affluence, exceptionnelle cette année, vers les centres de recensement.
Depuis la présidentielle 2010, compte tenu du jeu électoral qui semble joué d’avance, la majorité des Togolais boudent les urnes et la phase d’enregistrement (en dépit des chiffres avancés par la CENI) connaît un taux de boycott important. Selon la Mission d’observation de l’Union Européenne en 2010, il y a eu par exemple plus de 800.000 électeurs de plus si l’on tient compte du recensement qui a été fait en 2007. Le pouvoir en place avait remporté haut la main les législatives 2007 en dépit du bon sens.
Cette année, l’appel des partis de l’opposition et fait majeur, le caractère indispensable de la carte d’électeur pour bénéficier des transferts monétaires de solidarité, comme Novissi par exemple, l’enrôlement des électeurs a connait une participation exceptionnelle. Laquelle participation n’a pas été anticipée par la CENI dont le président accuse injustement les OPS.
Si on peut mettre en doute la confiance de certains OPS, qui voudraient peut-être ralentir les opérations afin de maximiser leurs perdiems, de sources proches de la CENI, les raisons des lenteurs se trouvent dans les pénuries des fiches d’identification, d’encre, et de la délicatesse pour prendre les empreintes digitales surtout en ce qui concerne les femmes et les gens de métiers artisanaux.
“Les empreintes ont disparu chez certaines personnes, d’où, au lieu de deux doigts, il faut prendre plusieurs doigts pour satisfaire les critères d’établissement de la carte, afin d’éviter les doublons”, a déclaré à L’Echiquier un cadre de la CENI.
Reste que selon certaines personnes, les deux jours de prolongation risquent de ne pas suffire. Il faudrait atteindre peut-être la journée de ce 8 main pour avoir une idée précise de la situation.
