Vient de paraître : Une magie ordinaire du Togolais Kossi Efoui
Kossi Efoui, dramaturge et romancier togolais, vient de faire paraître “Une magie ordinaire” aux éditions du Seuil-seule éditrice de ses romans depuis 1998.
Résumé de la quatrième de couverture : Il y a un moment, dans une vie, où l’écrivain abat ses cartes, pris par une sorte d’urgence. Le déclencheur de ce récit bouleversant, c’est un appel téléphonique d’un frère perdu de vue, annonçant que leur mère est au plus mal, à l’hôpital de Lomé. La mère qui lui a dit vingt ans plus tôt : “Va vivre. Va vivre ailleurs et ne reviens plus”. Qui se déplace une bassine sur la hanche, colportant des morceaux de pain, jusqu’au jour où des soldats interceptent son menu commerce, et où il arrive ce qui doit arriver. La mère qui chante pour exorciser “les choses dures». Qui l’a porté sur son dos bien au-delà de l’âge habituel, prétendant que son garçon avait “les os fragiles». Qui lui a donné, enfin, le goût des parures, des vêtures et des bijoux, transgressant la frontière des genres. “Plus je vieillis, plus je ressemble à ma mère”. De ce portrait d’une femme joyeuse, inspirée et aimante, d’une mère courage dans un monde d’absolu dénuement, surgit une grâce mystérieuse qui se confond avec la genèse d’une vocation d’écrivain.
Auteur de plusieurs romans, dont Cantique de l’acacia (2017), Kossi Efoui s’est fait connaître comme l’un des principaux écrivains togolais vers la fin des années 1980, et surtout comme un redoutable dramaturge en remportant le Grand Prix Tchicaya U Tam’si du Concours théâtral interafricain pour sa pièce Le Carrefour en 1989.
Né en 1962 à Lomé, ce brillant étudiant de philosophie à l’Université du Bénin (actuelle Université de Lomé), fait partie de ce que l’on appelle les “tractographes”, les activistes à l’origine des soubresauts étudiants puis populaires qui ont ébranlé la dictature du général Eyadema le 5 octobre 1990. La brutalité de la répression puis la tournure des événements en 1992 ont créé très tôt chez cet écrivain un certain scepticisme face quant aux luttes pour la démocratie dans les contrées africaines cornaquées par des dictatures adossées à des armées soutenues par des camarillas financières internationales.
Boursier Beaumarchais en 1992, exilé volontairement en France pour se consacrer à l’écriture, Kossi Efoui est auteur de huit pièces de théâtre dont les plus connues, Récupérations, Le petit frère du rameur, et L’Entre-deux rêves de Pitagaba.
Depuis son premier roman, La Polka (1998), plusieurs autres ont suivi, dont La Fabrique de cérémonies (2001), Solo d’un revenant (2008), L’ombre des choses à venir (2011), et Cantique de l’acacia (2017).
D’un accès quelque peu difficile, la pensée de Kossi Efoui, qui date de ses années étudiantes, est un regard critique sur l’Afrique, les idéologies et les mythes.
Anas Atakora, poète et écrivain togolais, qui a fait sa thèse de doctorat sur l’œuvre de Kossi Efoui, le résume en ces termes : «L’univers d’Efoui est un univers qui réorganise l’espace contemporain en espace habitable poétiquement, c’est-à-dire par déconstruction des politiques inutiles et des temporalités trop chargées idéologiquement. Ses romans redressent l’humanité, au sens double de l’humain et de l’espace social, à travers des personnages qui savent créer une distance entre l’illusion et le réel, entre la chose et l’idée de la chose. Une poésie qui réfléchit inlassablement sur ce qu’il faut faire de tout le chaos du monde. »
Une note de lecture d’Une magie noire dans nos prochaines éditions.
Kossi Efoui, Une magie ordinaire, Editions du Seuil, 160 pages, 17,50 Euros, 1er mars 2023